Abstract EN:

Le mal est un concept, son appréhension est un acte réflexif. La question du bien et du mal qui est à l'origine de la réflexion philosophique ne se pose que dans la mesure ou l'homme croit connaitre ce qu'est le bien et ce qu'est le mal. La démocratie est le plus souvent perçue dans notre culture comme un bien, la démocratie américaine, fondée dans un contexte théologico-politique, est considérée comme un modèle ; pourtant le mal y règne. La philosophie tente de donner une forme aux angoisses, une finalité aux pulsions et une rationalité à l'histoire et, sans que le monde en soit conscient, elle créé les concepts, celui du mal comme les autres. La vertu aux États-Unis est tout d'abord confrontée à l'esclavage puis aux effets pervers de la révolution industrielle ; ces 2 défis ont été relevés par 2 philosophies : le transcendantalisme et le pragmatisme; toutes 2 ont fait leur devoir de philosophie en s'attaquant au mal, toute 2 sont des philosophies de l'expérience, de la valorisation de l'action pragmatique, toutes deux ont marqué la singularité américaine. Le mal est une partie intégrante de toute démocratie; l'Amerique, loin de s'y résigner, croit en ses vertus. Ralph Waldo Emerson n'a pas eu beaucoup d'influence sur les penseurs professionnels de son époque, mais il en a une grande sur la conscience américaine; c'est en lui que le courant libéral américain a trouvé son inspiration et c'est de lui que l'on pouvait attendre un grand sursaut contre l'esclavagisme. Le transcendantalisme éveille la conscience américaine au mal esclavagiste, le pragmatisme au mal résultant des abus du capitalisme. C'est le pragmatisme qui distingue l'Amérique contemporaine des autres nations, et c'est John Dewey qui se distingue parmi les pragmatistes. Le libéralisme américain reconnait l'influence de Marx mais insiste sur un continuum moyen-fin qui est à l'opposé de celui des marxistes. Cette option philosophique est à l'origine du rejet par les États-Unis des mouvements inspirés par le…