La fabbrica della mente : enquête sur l'architectonique de l'humanisme de Cajétan à Vico
Institution:
Paris 4Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
For the poet Torquato Tasso, the fabbrica della mente, i. E. The "fabric" of the mind, refers to the structure of allegory as it is used in epic poems. This investigation develops this trend of thought in that it attempts to establish an architectonics of humanist culture, that is of a culture in which are to be found side by side concepts and signs, ontology and philology. In order to achieve this purpose, we start with a classical figure of renaissance scholastic thought, the nominum analogia, as described by the Dominican theologian Tommaso De Vio, called ii Gaetano. This logical tool, which is indispensable for metaphysics and theology, is shown to really imply an aboriginal similitude (similitudo proportionnalitatis), that cannot be properly expressed in the language of scholastic ontology, but is carried out in the very act of naming scientific principles (consideratio nominum). As it follows this "philosophy of names" through the history of Italian humanist culture, our investigation comes across the eighteenth-century Neapolitan philosopher Giambattista Vico. He explicitly bases the power of names in thought on a truth criterion more general than the opposition between concepts and signs: the convertibility of truth and fact (verum et factum convertuntur). We then show that, far from leading to an activistic or "actualistic" metaphysics, this criterion places human action in the framework of a continuous space, on which all the analogic acts of reason are built, and within which the separated forms of theoretical activity and symbolic activity take on their meaning.
Abstract FR:
La fabbrica della mente désigne chez le poète Torquato Tasso la structure de l'allégorie propre au poème épique. La présente enquête poursuit cette intention de pensée en tentant d'établir l'architectonique des savoirs humanistes, c'est-à-dire de savoirs dans lesquels se côtoient concepts et signes, ontologie et philologie. Pour parvenir à ce but, on part d’une figure classique de la pensée scolastique de la renaissance, l'"analogie des noms", telle qu'elle a été décrite par le théologien dominicain Thomas De Vio-Cajétan. On montre que cet instrument logique indispensable à la métaphysique et à la théologie suppose en réalité une similitude originaire, non thématisable dans la langue de l'ontologie scolastique, mais exercée par l'acte même de nommer les principes de la science. En poursuivant une telle "philosophie des noms" au cours de l'histoire de la culture humaniste italienne, l'enquête rencontre la figure du philosophe napolitain du XVIIIe s. , Giambattista Vico. Celui-ci fait expressément reposer un tel pouvoir du nom dans la pensée sur un critère de vérité plus général que l'opposition du concept et du signe : la convertibilité du vrai et du fait. On montre alors que, loin de conduire à une métaphysique activiste ou actualiste, ce critère inscrit l'action humaine dans un espace continu, fondement de tous les actes analogiques de la raison, à l'intérieur duquel se partagent et prennent sens les formes disjointes de l'activité théorique et de l'activité symbolique. La thèse s'achève dans l'idée qu'une telle appréhension intuitive des œuvres humaines suscite une ontologie spécifique, ontologie non-catégoriale mais fondée sur une morphologie de la division - illustrée à ce jour par la sémiophysique de René Thom -, qui fait de la vie de l'esprit une participation à une nature infinie.