La réminiscence chez Platon : théorie de la connaissance ; anthropologie ; éthique
Institution:
Paris 1Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Plato exposes his doctrine of ἀνάμνησις in the Meno, Phaedo and Phaedrus ; I argue thatdespite the differences in presentation between these three dialogues, it is a unified theory. The doctrine also raises questions related to Plato’s epistemology, such as the nature of Plato’s innatism, the contribution of experience to knowledge and the function of myths. These questions are considered through an examination of the theory’s role in each dialogue, followed every time by a comparison with the other two dialogues. Recollection aims at making sense of the following experiences : the recognition of necessary truths, the use of universal notions to describe contingent realities and the spiritual conversion caused by a noble love. These three phenomena are explained by the recollection of prenatal knowledge forgotten at birth. Although we are not aware of this knowledge anymore, its unconscious memory shapes our experience of the world. This memory is thus best described as an archetype. In order to recover prenatal knowledge and turn it into conscious knowledge, we need to engage in dialectic and try to gather in a definition all occurrences (real and hypothetical) of a given form. For the disembodied soul might enjoy an unqualified intuition of the forms, but the embodied soul has a different fate : it dwells in the realm of becoming and is therefore confined to a synthetic grasp of forms through logos. Thus the doctrine of recollection is not just an epistemological theory, it also has an anthropological dimension : it suggests that the human soul’s ontological status is in between the realms of being and becoming. As a result, anamnesis also has ethical implications. Since human life is a mediation between these two realms to which we belong, we must harmonize our actions with the archetypes of human excellence, which we can’t ignore without alienating a part of ourselves
Abstract FR:
Platon expose la théorie de l’ἀνάμνησις dans le Ménon, le Phédon et le Phèdre ; nous soutenons que la doctrine est cohérente malgré les écarts entre ces présentations. L’interprétation de la réminiscence demande également de s’interroger sur la nature de l’innéisme platonicien, la valeur épistémologique de l’expérience et le rôle réservé au mythe. Nous traitons ces questions au travers d’une interprétation du rôle de la théorie dans chaque dialogue, en comparant chaque fois nos résultats avec les deux autres. La réminiscence vise à rendre compte des expériences suivantes : la reconnaissance de la nécessité de certaines vérités, l’utilisation de notions universelles pour décrire des réalités contingentes et la conversion spirituelle permise par un amour noble. Ces trois phénomènes sont expliqués par la remémoration d’un savoir acquis avant la naissance et oublié au moment de l’incarnation ; nous n’avons pas conscience de ce savoir, mais il détermine notre expérience du monde à notre insu. Pour cette raison, la meilleure façon de décrire le statut de notre souvenir de la connaissance prénatale est de le tenir pour un archétype. Pour transformer le souvenir d’une forme en connaissance, nous devons, grâce à la dialectique, embrasser dans une définition tous les cas (réels ou hypothétiques) qui lui sont attribués ; en effet, nous reconnaissons leur appartenance à cette nature en vertu du ressouvenir. L’âme affranchie du corps jouit d’une intuition plénière des réalités intelligibles, mais son statut change au moment de l’incarnation ; en vertu de son rapport au devenir, elle ne peut saisir l’unité d’une forme que de façon synthétique, par le logos. La doctrine de l’anamnèse comporte ainsi, en plus de sa fonction épistémologique, une dimension anthropologique : elle implique une compréhension de l’âme humaine comme intermédiaire entre les choses sensibles et intelligibles. Par conséquent, l’anamnesis a des répercussions éthiques. En effet, la vie doit être une médiation entre ces deux ordres de réalité auxquels nous appartenons, de façon à nous conformer aux archétypes de l’excellence humaine, que nous ne pouvons ignorer sans renier une partie de nous-mêmes.