thesis

Ordre et temps dans la philosophie de Michel Foucault

Defense date:

Jan. 1, 2005

Edit

Institution:

Paris 10

Disciplines:

Authors:

Directors:

Abstract EN:

The writings of Foucault are astonishing for the all but inexplicable way in which they invite us to suspend our beliefs regarding the history of either a problem or an institution – indeed, even the history of our own society. But how is this extraordinary feat accomplished ? Foucault develops his archaeology and genealogy along three main axes of the human experience: knowledge, power, and ethics. But do these all follow the same temporal restraints ? He claims that they are dominated by two distinct temporalities. One is superficial and continuous; the other is basic but discontinuous. Towards the end of his life, Foucault sketched a new research program, which he called "a historical and critical ontology of ourselves". This program requires a perspective that is at once epistemological, political, and ethical. For Foucault, it is no longer acceptable to use a single or dual axis, such as the power-knowledge axis, in order to pursue his research. Three are necessary. Foucault tells us that the interaction between knowledge, power, and ethics should be understood from a systematic point of view. But what exactly does this mean ? For we know that his work has always been in opposition to any idea of a system of thought ? Foucault was able to formulate the necessity of a "systematic" thought because his work already had an essential coherence to it. This coherence is inextricably linked to the three realms of experience: they all are divided in two strata ; the first one is immediately accessible, and the second one is mediated, and radical. In this scheme, the dimension of time necessarily overlaps with the dimension of order.

Abstract FR:

Aujourd'hui encore, les livres de Foucault restent renversants par la façon, presque inexplicable au début, dont ils nous font suspendre les évidences acquises à propos de l'histoire d'un problème ou d'une institution, voire de l'histoire de notre société. Mais comment les métamorphoses historiques y sont-elles pensées ? Le savoir, le pouvoir et l'éthique, les trois domaines à partir desquels Foucault élabore ses archéologies et généalogies, obéissent-ils à un même régime temporel ? Il sont tous traversés par deux temporalités distinctes : la première, superficielle, est continue ; la seconde, fondamentale, est discontinue. Vers la fin de sa vie, Foucault esquisse un nouveau programme de recherches, l'"ontologie critique et historique de nous-mêmes", et réclame une pensée simultanément épistémologique, politique et éthique. Il ne se place plus dans l'horizon d'un domaine précis, ni dans celui d'une conjonction de deux domaines; il s'installe plutôt sur le plan de l'intrication de trois axes. La nécessité de réfléchir systématiquement devient pour lui incontournable. Mais quel sens l'ébauche d'une pensée systématique peut-elle avoir, quand on sait qu'il a mené son travail contre les systèmes englobants ? Si Foucault a pu formuler le besoin d'une pensée systématique dans les termes où il l'a fait, c'est que sa réflexion était déjà traversée par une cohérence essentielle, cohérence qui découlait avant tout de la présence constante d'un même schème, d'après lequel chaque grande région de l'expérience est constituée par un plan immédiatement accessible, que Foucault traite comme une surface, et puis par un fond, symétrique et inverse par rapport à celle-ci, qui sans être manifeste est néanmoins déterminant. Dans ce schème, la dimension du temps est indissociable de la dimension de l'ordre.