Ipséité et réalité dans la pensée de Thomas Hobbes
Institution:
Paris 4Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Before the foundation of science, the hobbesian thought first is based on a problematisation of reality. If every thing is pretended to be destroyed except one man, it would remain him all of what he perceived before, namely, phantasms, which would appear outside anyway, he says. From this experience of thought it comes that the self and the world proceed from an original confusion, and that their distinction is a fruit of experience. It is only after setting this question that the outsideness appears as corporal, necessary and animated by movement, and the insideness – as temporalisation of experience. Nevertheless, Hobbes doesn’t find a division between the mind and the world : the self is made up under the influence, so that desire animates the temporalisation and makes up the self as a body. This link of temporal distance, due to the very inherence of the «sentient » (that is to say, the feeling body), allows Hobbes to think the possibility for man to transform the real. So, Hobbes thinks indeed the reality from the ipseity which perceives it, and the ipseity – from the reality which produced it. And it is from this correlation that Hobbes thinks the conditions of human culture.
Abstract FR:
En-deçà de la fondation de la science, la pensée de Thomas Hobbes prend d’abord ses racines dans une problématisation de la réalité. Si l’on feignait, dit-il, l’anéantissement de toutes choses, à l’exception d’un homme, il lui resterait ce qu’il a perçu des choses, les phantasmes, qui n’apparaîtraient pas moins comme extérieurs. De cette expérience de pensée résultent que le soi et le monde procèdent d’une confusion première, et que leur distinction est le fruit de l’expérience. En effet, c’est seulement à partir de ce questionnement que l’extériorité se manifeste comme corporelle, nécessaire et animée de mouvements, parce que l’espace n’est rien d’autre que l’apparence d’extériorité, et l’intériorité comme temporalisation de l’expérience, parce que l’image de l’espace intérieur vise le devenir obscur des phantasmes perçus. Ce n’est pourtant pas retrouver une séparation de l’esprit et du monde : le soi ne se constitue que par l’expérience, de telle sorte que c’est le désir, constituant le soi comme corps, qui anime la temporalisation. Cette place du désir dans l’organisation du soi établit une continuité entre le soi et le réel qui fonde une pensée de la nature, c’est-à-dire d’une réalité homogène et subie, quoique l’ordre naturel n’est le plus souvent, comme le finalisme l’illustre, que la transposition, dans les choses, de l’ordre du désir. Enfin, ce rapport de distance temporelle, par l’inhérence même du corps sentant, permet à Hobbes de penser la possibilité pour l’homme de transformer le réel : cette distance a pour expression affective la curiosité, engagée dans chaque forme d’artifice. Ainsi, Hobbes pense bien la réalité à partir de l’ipséité qui la perçoit, et l’ipséité à partir de la réalité qui l’engendre. C’est à partir de cette corrélation que Hobbes pense les conditions de la culture humaine.