Abstract FR:

Ce travail tente de reprendre la question du « point de départ » cartésien à partir de son environnement historique, philosophique et scientifique le plus immédiat. Il cherche à retrouver, à partir des olympica, du studium bonae mentis et des premières règles pour la direction de l'esprit, le dialogue que Descartes ouvre, en 1619, avec les principaux courants d'une philosophie allemande dans laquelle, même en milieu scolaire, le modèle aristotélicien est déjà fortement concurrence par des traditions plus récentes (notamment le ramisme et le néostoïcisme), et mieux adaptées aux nouvelles conceptions scientifiques. L’Allemagne de 1619 est en situation de crise, et pas seulement politique. L'université est l'objet des plus violentes contestations, et la philosophie scolaire doit faire face à la mise en cause du primat aristotélicien du principe de contradiction, que les « schwarmer » rejettent comme une pure et simple illusion. Cette polémique, bien localisée, ne fait pas seulement de 1619 un point de départ pour l'activité scientifique de Descartes : c'en est aussi un pour la métaphysique, et ni la naissance de l'ego cogito comme premier principe, ni son indissociable pendant (la doctrine de la création des vérités éternelles), ne se peuvent intégralement comprendre sans leur ancrage dans un sol riche, complexe, et encore assez peu connu. Il convient donc d'en inspecter la géologie.