La légalité de l’art : la question du théâtre au miroir de la casuistique
Institution:
Paris 10Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
How did the Christian world manage to legalize art? Our dissertation attempts to answer to this question by studying a casuistic debates surrounding theater’s morality (XV-XVII centuries). After a general presentation of the casuistry (Ch. I), we examine some typical casus concerning the theatrical simulation, with purpose to explain the manner in which casuistry defines fiction as something laughable and non-serious (Ch. II ). This lack of seriousness can be understood through a gap the fictional entity creates between act and intention — subject of many theological discussions on fictus (who might disturb the sacrament because of his insincerity) : owing to the very fact of its inefficiency, the fictional statement can avoid application of law (Ch. III). This argument which is negative in itself will, however, lead to a progressive rehabilitation of actor through Middle Ages (Ch. IV), despite the disfavor with which Christian tradition stigmatizes the arts of representation even in modern era. (Ch. V). After this transitional phase, the final solution is made by some lax casuists, who seek to legalize the worst kind of theater under the pretext that it is a repraesentatio sola, referring to the idea of delectatio morosa, namely a pleasure proper to cogitatio (Ch. VI). And our study leads us to the following conclusion : the lax casuistry could deny what it purposes to save, that is, the dignity of art.
Abstract FR:
Comment le monde chrétien est-il parvenu à légaliser l’art ? C’est à cette question que notre thèse tente de répondre, en étudiant le problème de la moralité du théâtre au miroir de la casuistique moderne (notamment XV-XVIIe siècles). Ayant avoir présenté quelques traits spécifiques du système casuistique (ch. I), elle s’interroge sur certains casus abordant la simulation théâtrale, pour montrer que la casuistique produit une définition spécifique de la fictio comme quelque chose de risible et de peu sérieux (ch. II). Ce manque de sérieux tient au décalage que la fiction interpose entre l’acte et l’intention, ce qui fait l’objet de nombre de discussions théologiques sur le fictus (personne venant troubler le sacrement à cause de sa mauvaise foi). La relecture en fait constater que l’énoncé fictif se place, du fait même de son inefficacité, échappe à l’application de la loi (ch. III). Un tel argument, en soi limitatif, donne pourtant raison à une réhabilitation progressive du métier de comédien (ch. IV), malgré la tradition chrétienne fort critique du spectacle, qui reste largement en vigueur même à l’époque moderne (ch. V). Après cette phase de transition, la solution définitive est apportée par certains casuistes laxistes, qui cherchent à légaliser jusqu’à un théâtre de la pire espèce possible sous prétexte qu’il s’agit d’une repraesentatio sola, en se référant à la notion de delectatio morosa au sens de plaisir spécifique qui est propre à la cogitatio (ch. VI). Et ce parcours nous conduit à la conclusion suivante : la casuistique laxiste risque de nier ce qu’elle prétend sauver, la dignité de l’art.