Penser le temps à partir des oeuvres de Gilles Deleuze
Institution:
Paris 10Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Thinking about time through Gilles Deleuze’s writings reveals the indivisibility between actual corporeality (present of « effectuation ») and virtual incorporeality (time empty of « effectuation ») as an experience of eternity. Deleuze’s thoughts on time have been deeply influenced by two different kinds of philosophy. As philosophers of immanence, Spinoza, a thinker of God and of the experience of eternity, and Bergson, a philosopher of memory and duration of eternity of life, are his two allies. A description of this background forms the first part of my essay. The second part of the essay stresses the deleuzian distinction between Chronos, the corporal present (characterized as the living present) and Aiôn, time empty of effectuation (characterized as event time). My hypothesis can be summerized as follows : Heidegger’s interpretation of Kant had a significant impact on Deleuze’s elaborations of the concept of Aiôn. The third part aims at emphasising the temporal split between actual corporeality and virtual incorporeality in the field of language, in order to understand the deleuzian concept of Aiôn, not chiefly through the psychanalytic concept of the death instinct, but rather as the virtual that allows the present to pass by making history bifurcate.
Abstract FR:
Penser le temps à partir des oeuvres de Gilles Deleuze révèle l’indissociabilité entre corporel actuel (présent de l’effectuation) et incorporel virtuel (temps vide d’effectuation) en tant qu’expérience de l’éternité. Deux philosophes ont influencé Deleuze de façon décisive dans l’élaboration de sa problématique du temps. Philosophes de l’immanence, Spinoza, penseur de Dieu et de l’expérience de l’éternité, et Bergson, penseur de la mémoire et de la durée comprise comme éternité de vie, sont ses deux alliés. La description de cet héritage constitue le premier temps de notre recherche. Le deuxième temps entend préciser la distinction deleuzienne entre Chronos, présent des corps (caractérisé comme présent vivant), et Aiôn, temps vide d’effectuation (caractérisé comme temps de l’événement). Notre hypothèse est la suivante : la lecture de l’interprétation heideggerienne de Kant a profondément influencé Deleuze dans l’élaboration du concept d’Aiôn. Le troisième temps se propose de placer la question du dédoublement du temps entre corporel actuel et incorporel virtuel sur le terrain du langage, afin de comprendre l’Aiôn deleuzien, non principalement à partir de l’instinct de mort psychanalytique, mais surtout comme virtuel qui permet au présent de passer en faisant bifurquer l’histoire.