thesis

Les Conceptions philosophiques de l'altérité de Boèce à Nicolas de Cues

Defense date:

Jan. 1, 2005

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Institution:

Tours

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Abstract EN:

The notions of otherness, which is rare in mediaeval philosophy in the latin language, is paradoxically central to some important metaphysical issues : Boethius used it to transfer Aristotelian categories into theological realities (translatio in divinis), in the context of the trinitarian and creational theologies. In the various commentaries to the Opuscula sacra by Boethius, it had mixed fate : it was either included in reflections on divine realities, or considered as being external to God and used to characterize his creatures only. This two-fold use has its origin in a tension between two metaphysical trends that are present in Boethian texts and their commentaries : an ontology of relation that has an Aristotelian origin and a henology of assimilation which is borrowed from the neo-Platonists. Nicholas of Cusa, the main author in our study, was instrumental in developing the second tendency : he invented the expression "not-other" (non-aliud) to call God, thus making him the principle of being and knowledge which assimilates everything to himself. This metaphysical and conceptual innovation hat great consequences on how creation was conceived : the creatures' otherness was a contingent and ambivalent fact, which referred not so much to the originality and autonomy of the individual as to his dependence on his principle, divine unity.

Abstract FR:

La notion d'altérité, rare dans la philosophie médiévale de langue latine, se trouve paradoxalement au centre d'enjeux métaphysiques importants : à partir de Boèce, elle intervient dans le cadre du transfert des catégories aristotéliciennes aux réalités théologiques (translatio in divinis), dans le double contexte de la théologie trinitaire et de la théologie de la création. Elle connaît alors une fortune contrastée dans les divers commentaires des Opuscula sacra de Boèce, tantôt admise dans la pensée des réalités divines, tantôt rejetée hors de Dieu pour caractériser en propre les seules créatures. La raison de cet usage tient à une hésitation entre deux tendances de la métaphysique présentes dans les textes de Boèce et leur commentaires, une ontologie de la relation d'origine aristotélicienne et une hénologie de l'assimilation d'origine platonicienne. Nicolas de Cues, principal auteur de cette étude, se trouve accentuer particulièrement la seconde de ces tendances : il invente ainsi le terme non-autre (non-aliud) pour nommer Dieu, faisant de celui-ci le principe de l'être et de la connaissance qui assimile toutes choses à soi. Ce coup de force métaphysique et conceptuel a des conséquences majeures sur la pensée de la création : l'altérité des créatures est un fait contingent et ambivalent. Elle se rapporte moins à l'originalité et à l'autonomie de l'individu qu'à sa dépendance envers son principe, l'unité divine, dans l'ordre de l'être et du connaître.