Abstract FR:

Que faire de l'exceptionnel en ethique ? le present travail oriente la reponse a cette question vers une etude de l'importance ethique de la singularite de l'individu, telle qu'elle est reflechie par l'individu lui-meme et valorisee - ou non - par son environnement social. C'est par l'analyse de figures extraordinaires de l'ethique, comme celle de l'individu qui s'estime responsable du sort de l'humanite entiere, qui eventuellement se sacrifie pour le bien de tous, que nous cherchons a eclairer la maniere dont le sens de la responsabilite peut se constituer, dans les conditions ordinaires, au travers de reperes tels que la fonction sociale et la vocation personnelle. Nous rencontrons par la les debats autour du statut de la surerogation, c'est-a-dire des comportements moralement exceptionnels qui depassent le cadre du devoir, et dont il s'agit de determiner quelle place ils peuvent avoir dans la philosophie morale. Cette recherche s'appuie sur l'etude critique de trois philosophes, s. Kierkegaard, s. Weil et e. Levinas, qui ont jete une lumiere particulierement vive sur la tension entre singularite et responsabilite, entre discours individuel, en premiere personne, et discours general, impersonnel, sur le devoir. L'attention se porte notamment sur la maniere dont les deux premiers de ces auteurs ont pense, et illustre, les ambiguites inherentes a l'idee d'une singularite exceptionnelle, fondee par exemple sur une vocation messianique ou sacrificielle, en la situant dans son interaction avec un ordre social qui, orientant la morale commune, peut lui-meme detourner le sens de la responsabilite, du devoir, du sacrifice. L'exploration de ces ambiguites renvoie donc la recherche ethique a certaines de ses implications politiques et religieuses, susceptibles de donner un sens concret, socialement incame, a la singularite individuelle.