thesis

Simone Weil : une philosophie de la force et de la faiblesse

Defense date:

Jan. 1, 2010

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Institution:

Rennes 1

Disciplines:

Abstract EN:

Force makes man into a thing". This remark forms the basis of Simone Weil's (1909-1943) thought on modern society and on the world between First and Second World War. The primary objective of our study is to put the concept of force in a prominent position in the interpretation of the whole body of her work, by highlighting her analysis of the effects and of the different manifestations of force, such as power in society, violence in war or in human relations, the concept of omnipotence in religion. Although the analysis of force is essential to Simone Weil's philosophy, we also aim to show that it cannot be reduced to simply a denunciation. We further identify an original element, a "philosophy of weakness" recognizing the value of weakness, powerlessness, vulnerability. By opposing the idea that any form of moderation is weakness, Simone Weil sets weakness as a positive potentiality, the only antidote to brutal force, "that which is stronger than the strongest". Although such a philosophy of weakness has not been developed systematically, it emerges with great coherence from Weil's writing when one analyses the internal dynamics of her thought, which appears to be polarized around the two complementary ideas of force and weakness. These two key ideas underpin the structure of a variety of her texts, such as the philosophical writings of her youth, socio-political articles, reflections on civilisation, science, religion and ethics.

Abstract FR:

« La force fait de l’homme une chose ». Ce constat fonde les réflexions de Simone Weil (1909-1943) sur la société moderne et le monde de l’entre-deux-guerres. Notre étude a premièrement pour objectif de donner à la notion de force une place majeure dans la lecture de l’ensemble de son œuvre, en éclaircissant son analyse des effets et des différentes manifestations de la force, tels que le pouvoir dans la société, la violence dans la guerre ou dans la relation de soi à autrui, la conception de la toute-puissance dans la religion. Cependant, s’il est vrai que l’analyse de la force est essentielle dans la philosophie weilienne, c’est aussi notre intention de montrer combien il serait réducteur de considérer cette analyse uniquement comme une dénonciation. Nous nous proposons d’y cerner un élément original, une « philosophie de la faiblesse » reconnaissant les valeurs de faiblesse, d’impuissance, de vulnérabilité. Simone Weil, en s’opposant à l’idée que toute modération est faiblesse, pose la faiblesse comme une potentialité positive, seule antidote à la force brutale, « ce qui est plus fort que le plus fort ». Si une telle philosophie de la faiblesse n’a pas été développée de façon systématique, elle émerge néanmoins avec une grande cohérence lorsqu’on analyse la dynamique de la pensée weilienne s’articulant, au fil des œuvres, autour des deux pôles complémentaires de la force et de la faiblesse. Ces deux notions-clefs définissent une structure de pensée qui sous-tend de textes très variés, tels que les textes philosophiques de la jeunesse, les écrits socio-politiques, les réflexions sur la civilisation, les écrits sur la science, la religion et l’éthique.