Les pratiques et les enjeux de l'analyse chimique des végétaux : étude d'une culture hybride (1790-1835)
Institution:
Paris 10Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
This doctoral thesis investigates the extension of Lavoisier's analytical program to plants in France between 1790 an 1835. It is shown how multiple actors - chemists and pharmacies especially - mobilize themselves and form a community of analysts. This sharing of knowledge and skills led to the creation of an hybrid method of analysis. After a qualitative and quantitative study of this community, it is shown that hybridization works not only between pharmacists and chemists but within academic and industrials worlds as well. This renewed analysis is the consequence of a long and fruitful work executed by bench. Analysts improved instruments and laboratory equipment inherited from eighteenth century. They innovated by elaborating performing reagents and are requested as experts. Their analytical method spread in two ways: on one side, plurality of methods in proximate analysis mostly due to pharmacists; on the other side, unification of techniques of ultimate analysis are favoured field and declared territory of chemists. Hence the identification of a crowd of proximate principles. And these results had several theoretical consequences. Extension of the radical theory to organic products is essentially the aim of chemists, even if few pharmacists tried some hypothesis. Pharmacists are rather concentrate on the elaboration of classifications adapted to their needs. The establishment of physico-chemical criterias of purity led the chemists to define the concept of chemical species. All these elements took part in the emergence of a sub-discipline in the 1830's: organic chemistry.
Abstract FR:
La révolution chimique menée par Lavoisier est centrée sur deux concepts qui se font écho : l'analyse et le langage. Cette thèse examine l'extension de ce programme à l'analyse des végétaux entre 1790 et 1835 en France. On montre comment de nombreux acteurs - chimistes et pharmaciens en particulier - se mobilisent et se constituent en une communauté d'analystes. La mise en commun des savoirs et des savoir-faire de ces deux disciplines entraîne la création d'une méthode d'analyse hybride. Après une étude qualitative et quantitative de ce milieu, on montre que cette hybridation ne se limite pas à un échange entre les seuls pharmaciens et chimistes, mais également entre les mondes académique et industriel. Le renouvellement de l'analyse est le fruit d'un long travail exécuté auprès de la paillasse. Les analystes perfectionnent les intruments et le matériel hérités du XVIII` siècle. Ils font preuve d'innovation en mettant au point des réactifs de plus en plus performants et sont sollicités comme experts. Leur méthode analytique se déploie selon deux voies. D'un côté, l'analyse immédiate qui autorise une pluralité d'approches, est essentiellement cultivée par les pharmaciens ; de l'autre, l'analyse élémentaire et l'uniformisation des techniques sont le champ privilégié et territoire revendiqué par les chimistes. D'où l'identification d'une foule de nouveaux principes immédiats. Et ces résultats d'analyse ont plusieurs conséquences théoriques. L'extension de la théorie des radicaux aux produits organiques est essentiellement une affaire de chimiste, mêmes si quelques pharmaciens tentent des hypothèses. Les pharmaciens se concentrent plutôt sur l'élaboration de classifications adaptées à leurs besoins. La mise au point de critères de pureté physico-chimique permet aux chimistes de définir la notion d'espèce chimique. Tous ces éléments participent à l'émergence d'une sous-discipline dans les années 1830 : la chimie organique.