Matérialismes, créationnismes et histoire naturelle : variations et critiques de l'idée de création au XVIIIe siècle en France
Institution:
Paris 10Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
If we observe the variations of the idea of creation in France in XVIIIth century, we can see how the naturalists' discourses, by new notions of God, becomed more independent from theological obligations. The naturalists searched to extend the limits of explanation by physical causes and the question of act of creation arised : where are the limits of primary cause action in the forming of earth and beings ? In the beginning of XVIIIth century, at the saure time as the naturalists breaked with the thomistical scholasticism, new ideas about Creator, more based on his wisdom than his willpower, borned in Malebranche and Leibniz. The théories which deal with origin of natural bodies, the earth's forming or the beings' génération, used these notions of God to justify the bigger autonomy of physical discourse. The strong critics of the idea of creation, in Fréret, Meslier, La Mettrie and anonymous authors, also encouraged naturalists to wonder about a minimal participation of God. In the middle of the century, a part of them, in particular Montesquieu, Maupertuis and Buffon, made théories about bodies forming in which God hardly worked, while another part, like Needham or Bonnet, attempted a last conciliation with theology. This rift within naturalists was reinforced by the varied irreligions, and specially by Diderot and d'Holbach's materialism. Ultimately, the successors of Buffon, like Lamarck, Bertrand or La Métherie, produced théories which either remove the resort to a Creator or reduce him to a mere legislator.
Abstract FR:
En suivant les variations de l'idée de création au XVIIIe siècle en France, il est possible d'observer comment les discours des naturalistes ont peu à peu mis à distance les contraintes théologiques, au profit de nouveaux présupposés métaphysiques et de conceptions inédites de Dieu. Le problème du contenu de l'acte de création s'est imposé aux savants à mesure qu'ils ont cherché à étendre les bornes de l'explication par les causes physiques : où s'arrête le champ d'intervention de la cause première dans la constitution du globe terrestre et des êtres à sa surface ? La rupture des savants avec la scolastique thomiste, au début du siècle, a été concomitante de représentations du Créateur fondées davantage sur sa sagesse que sur sa volonté, en particulier chez Malebranche et Leibniz. Les théories ayant pour objet l'origine des corps naturels, qu'il s'agisse de la formation de la Terre ou de la génération des êtres, se sont appuyées sur ces nouvelles visions de Dieu pour accroître l'autonomie du discours physique. Les critiques radicales de l'idée de création, chez Fréret, Meslier, La Mettrie et des anonymes, ont également incité les naturalistes à s'interroger sur le concours divin minimal à conserver. Au milieu du siècle, certains d'entre eux, notamment Montesquieu, Maupertuis et Buffon, se sont engagés dans des théories sur la formation des corps où Dieu n'intervient presque plus, tandis que d'autres, comme Needham ou Bonnet, ont tenté une ultime conciliation avec la théologie. Cette division parmi les naturalistes a été renforcée par le développement des diverses irréligions, et surtout par le matérialisme défendu par Diderot et d'Holbach. Finalement, les successeurs de Buffon, comme Lamarck, Bertrand ou La Métherie, ont produit des théories qui ont soit supprimé le recours à un Créateur, soit réduit son rôle à celui d'un législateur.