Nietzsche, une philosophie de l'Antichrist
Institution:
Toulouse 2Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
This study intends to understand “The Antichrist” as a true philosophical work. It has been alleged that Nietzsche could not find how to complete his work, and that the most advanced state of his thought was to be found, not in his last books, but in the drafts of “The Will to Power”. On the contrary, we aim to show on the contrary that the substitution of “The Antichrist” for “The Will to Power”, far from being a failure, allowed Nietzsche to give unity to his whole philosophy. In 1888, an ultimate movement occurred in his thought: he abandoned the problem of nihilism to concentrate on the one of Christianity. Far from being simply gratuitous hatred, his “curse against the Christianity” represents the outcome of his whole philosophy. It is only through an inversion of all values of Christianity that Nietzsche succeeded in presenting the world as will to power. The unity of Nietzsche's philosophy has its foundation in the figure of the Antichrist destroying and cursing Christianity. Nietzsche's last philosophy is “a philosophy of the Antichrist”. Nietzsche's criticism does not aim at restoring an ideal Christianity at the cost of a realized one. It directly aims at the Christian ideal and Christian moral. Far from struggling the only Christian god, Nietzsche fights the figure of the Christ (whom he separates from the historic Jesus). He opposes to this Christ as an impossible body, another ideal of human being, proceeding from a noble moral. He opposes another body: Dionysus. Through the fight between Dionysus and the Crucified One, two ways of fixing the truth, of being, of thinking are in competition.
Abstract FR:
Cette étude entend restituer à L'Antichrist toute sa portée philosophique. On a souvent prétendu que Nietzsche n'avait pas su achever son œuvre, et que sa pensée la plus aboutie se trouvait, non dans ses derniers livres, mais dans les brouillons de La Volonté de puissance. Nous entendons au contraire montrer que l'abandon de La volonté de puissance, loin d'être un échec, a permis à Nietzsche de parachever sa philosophie. En 1888, se produit en effet un ultime tournant dans sa pensée : il va délaisser le problème du nihilisme pour se concentrer sur celui du christianisme. Loin d'être un mouvement d'humeur, la « malédiction contre le christianisme » lancée par le dernier Nietzsche constitue l'aboutissement de sa philosophie. C'est en effet en inversant les valeurs du christianisme que Nietzsche est le mieux parvenu à présenter sa détermination du monde comme volonté de puissance. L'unité de la philosophie de Nietzsche se fait grâce à la figure de l'Antichrist, destructeur, maudisseur du christianisme. La dernière philosophie de Nietzsche est « une philosophie de l'Antichrist ». La critique de Nietzsche n'a pas pour but de restaurer un christianisme idéal aux dépens d'un christianisme réalisé, mais vise directement l'idéal et le système moral chrétiens. Loin de combattre le seul dieu chrétien, Nietzsche va s'attaquer au Christ (qu'il dissocie du Jésus historique). A ce Christ, corps impossible, Nietzsche va opposer un autre idéal de l'homme, issu de la morale noble, un autre corps : Dionysos. A travers l'opposition entre Dionysos et le Crucifié, ce sont deux manières de déterminer la vérité, deux manières de vivre, de penser qui vont s'affronter.