thesis

Cioran : la passion de l'absolu dans une âme sceptique

Defense date:

Jan. 1, 2004

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Institution:

Lyon 3

Disciplines:

Authors:

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Abstract EN:

Torn beetween a deep feeling of scepticism and a desire of peace of mind in an absolute conviction, Cioran oscillates, creating by his unpeaceful state of mind, a metaphysic specific of modernity. Using again the contemporaneous nihilism term -God death, despair, loneliness, nothingness- Cioran tries in the same time to overcome them in order to come up, in the very heart of scepticism, a new face of absolute. However, divided beetween the impossibility to recognize it in God and the nostalgia of the "arrière- mondes", torn beetween his attraction to the buddhist vacuum and the desire to feel his own existence, Cioran finds no solution in any of these spiritualities. That's why he devotes himself to writing where poetics and fragmentation come together in adhesion to the irresolution of his thought and express the failure of meaning, the bankruptcy of language. His elated lyricism testifying a truth from now exploded welcomes any modern disillusion. But the writing itself just expresses the distance which tears us apart from absolute with no hope of reaching it. It is then only through a metaphysic of suffering body where the subject discovers in his limits the roots of scepticism that Cioran manages to conciliate the two extremes of his quartering. Rejecting the rational conscience, he exalts sensation as the location where absolute reveals itself. It is then in the physical reality of the subject that relies the essential tension between physical limits and desire of immortality, beetween despair and frenetic desire to live. Vertiginous search incerted by an obsessional negation, Cioran philosophy comes out from a worried thought unable to find its equilibrium in a peaceful state of mind but regenerating itself, paradoxically, from an endless contradiction where contraries end up to confond themselves.

Abstract FR:

Entre scepticisme viscéral et désir de repos dans une conviction absolue, Cioran oscille, dessinant dans son inapaisement, une métaphysique propre à la modernité. Reprenant les termes du nihilisme contemporain -mort de Dieu, désespoir, solitude, néant- Cioran tente simultanément de les dépasser pour redéfinir au cœur de son scepticisme, un nouveau visage de l'absolu. Mais partagé entre l'impossibilité de le reconnaître en Dieu et la nostalgie des arrière- mondes, tendu entre l'attirance pour le vide bouddhiste et le désir de se sentir exister, Cioran ne trouve dans ces spiritualités aucune solution. C'est pourquoi il se réfugie dans l'écriture où poétique et fragmentation s'unissent pour épouser l'irrésolution de sa pensée et manifester l'échec du sens, la faillite du langage. Son lyrisme exalté mais témoignant d'une vérité désormais éclatée se donne comme réceptacle de toute la désillusion moderne. Mais l'écriture elle- même ne fait jamais que dire la distance qui nous sépare de l'absolu sans jamais l'atteindre. C'est donc seulement à travers une métaphysique du corps souffrant où le sujet découvre dans sa finitude les racines du scepticisme que Cioran parvient à concilier les deux pôles de son écartèlement. Rejetant la conscience rationnelle, il exalte la sensation comme lieu où se révèle l'absolu. C'est donc dans la corporéité du sujet que s'ancre la tension essentielle entre finitude et désir d'immortalité, entre désespoir et désir frénétique de vivre. Quête vertigineuse motivée par une négation obsessionnelle, la philosophie cioranienne naît d'une pensée inquiète incapable de trouver son équilibre dans le repos mais s'auto- alimentant paradoxalement d'une contradiction perpétuelle où les contraires finissent par se confondre.