thesis

Platon, le risque de l'économie

Defense date:

Jan. 1, 2003

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Institution:

Paris 4

Disciplines:

Abstract EN:

A common interpretation considers Plato as a supporter of an ideal policy, giving no credit to economics. If an economy can only be liberal, without any form of political control, then maybe such an interpretation makes sense. But here's the pitfall: is economic liberalism the epitome of all economies? Plato does not disregard economics at all. On the contrary, this work shows that he should be considered as a founder of political economics. He was the very first to identify the economy as a risk for the city and yet, at the same time, he acknowledged that this risk had to be run. Thus, his political thought, far from disregarding the economy, has an ever-present bond with it. The first part goes back to the origin of philosophy. Philosophy has always been held as a disinterested activity. Yet it emerged at an ambiguous time when trading prevailed among men. In order to avoid any confusion with the sophists, who claimed that the logos had an economic value, Plato soon defined his own theory of value, influenced by Socrates and traditional views. The second part shows how this theory became the ideological background of the Callipolis. The city stems from need and the necessity for an economy. Plato immediately saw its conflicting nature and its link to history. Modelling his city on a natural organism, he left nothing unattended in order to prevent this risk. Yet, some theoretical impasses and personal disappointments led him to alter his views. The third part thus explains how Plato revised his plans in a more realistic way, with his idea of mastering the economic disorder still in mind. One can then see how much the Laws are to be read as a real political economy. With an acute sense of details, Plato builds again a city in which every element, from town-planning to laws on worship, has an economic ground.

Abstract FR:

Une vulgate répandue fait de Platon le tenant d'une politique idéale, déniant tout droit de cité au phénomène économique. S'il n'y a d'économie que purement libérale, délivrée de toute régulation politique, alors peut-être une telle lecture est-elle possible. Mais là est le malentendu: n'y a-t-il d'économie que libérale? Ce travail montre comment Platon, loin de négliger l'économie, est à la source de la pensée économico-politique. On découvre comment Platon a su à la fois reconnaître ce risque fondamental qu'est l'économie pour la cité, tout en sachant aussi bien reconnaître la nécessité de courir ce risque. On s'aperçoit alors que sa politique, loin de rejeter l'économie, est entièrement pensée dans son rapport à elle. La première partie du travail remonte aux sources de l'activité philosophique. Traditionnellement présentée comme désintéressée, la philosophie n'en naît pas moins dans le climat ambigu du commerce des hommes. Pour se démarquer de sophistes qui donnent une valeur économique au logos, Platon est très tôt conduit, sous l'influence de Socrate et de conceptions traditionnelles, à formuler une théorie de la valeur. La deuxième partie montre comment cette théorie devient le soubassement idéologique d'une Callipolis née de la nécessité économique. Platon repère nettement la conflictualité propre à l'économie, et son lien essentiel à l'histoire. Concevant sa cité sur un modèle organique naturel, il met tout en oeuvre pour déjouer ce risque. Cependant, impasses théoriques et déceptions personnelles le conduisent à réviser son projet. La troisième partie montre alors comment Platon, tout en conservant ses objectifs de maîtrise du désordre économique, reprend son projet de cité dans un sens plus réaliste. On constate combien les Lois doivent s'interpréter comme une véritable économie politique. Avec un souci aigu du détail, Platon rebâtit une cité dont pas un élément, de l'urbanisme aux lois sur le culte, n'obéisse à une raison économique.