thesis

La formation du jugement chez Montaigne

Defense date:

Jan. 1, 2005

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Institution:

Paris 1

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Abstract FR:

La fin du XVIe siècle en France est marquée par une situation religieuse, politique et culturelle de crise profonde: pour s'orienter dans la vie et la pensée, l'individu est obligé de faire usage de son jugement. Si Montaigne nous intéresse encore aujourd'hui, c'est parce que cette situation est celle que rencontre tout homme confronté à l'expérience, même si le degré d'embarras n'est pas toujours le même. Or, nous ne disposons pas d'une règle unique de vérité qui nous aurait été enseignée par la nature, la religion ou la doctrine. Il ne s'agit pas d'apprendre une science, mais d'acquérir un savoit-faire dans l'usage d'un pouvoir de discernement propre. Cette aptitude, que Montaigne croit encore intacte chez les enfants, doit se cultiver sous la forme de l'examen et du doute, sous peine de faire tomber l'esprit dans le pédantisme. La question de l'éducabilité de l'homme et de l'importance du naturel est toutefois posée dans les Essais; contre un scepticisme de principe, Montaigne pratique la preuve par l'action. Pour les Stoïciens, l'homme sort de l'état de nature et s'avance vers la sagesse par des exercices appropriés; pour Montaigne, eu égard à la condition humaine qui est la nôtre, le jugement doit renoncer à la perfection, accepter un régime d'intelligence moyenne. La prudence du jugement consiste d'abord à faire droit à l'expérience, au lieu de vouloir prendre et imposer des décisions. En position de retrait, le jugement se sert de discours pluriels et d'exemples historiques pour se former. Le renoncement aux certitudes durables et aux vérités universelles est compensé par l'indépendance et la souplesse du jugement. L'essai organise la pesée des différentes autorités dans un système de poids et de contrepoids, qui fait de l'essai une série d'évaluations reconduites par alternances successives du jugement. Il faut juger droitement (stoïcisme) mais la droiture du jugement est difficile, voire impossible (scepticisme). En décalage avec une philosophie qui dispose de principes, de critères ou de normes, Montaigne met en place un système non systématique d'évaluation. Aucune des trois voies possibles de la formation du jugement, la nature, la méthode ou l'expérience, n e dispense de faire l'essai de son jugement propre.