Langage, sémantique et ontologie : une étude de la problématique catégoriale dans l'oeuvre d'Aristote (Des Catégories aux catégories)
Institution:
Paris 10Disciplines:
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Abstract EN:
This dissertation interrogates the notion of categories in Aristotle's work in ils various formulations as it ranges across the registers of physics and metaphysics, dialectics, and logic. A detailed rereading of Categories that focuses on Aristotle's interpretation of the origins of the ontological aporias -- of Platonism in particular-- reveals how the text adumbrates a philosophical strategy meant to deconstruct such aporias. A reading of On Sophistical Refutations, of Topics, and Prio rAnalytics confirms that at the basis of ibis strategy is a reflection on semantics. Semantics, however, cannot be reduced to ontology, although it is founded upon it. Rather, it represents the means to establish a new ontology. Consequently, categories should be understood as unity forms, and forms for determination, which supplant the domination of the logic of substance. As for metaphysics, it does not reduce categories to "genres" that would replace platonic ones (Sophist) nor to ontological accidents of substance. At stake here is the reinterpretation of the entire study of ousia in metaphysics as much as the supposed status of « categories. » My aim is to foreground the full scope of Aristotle's conceptualization of language, for it is neither a work of strict formalism nor simply a work on the rules of common speech. Not even the apophantic perspective of the sciences can ignore the semantic nature of language and the fact that the symbolic function it supposedly guarantees is thrown into question. This dissertation connects the understanding of katêgorein to Aristotle's interpretation of the aporias of Platonism, of the Eleates and of the physiologues. It connects it as well to what constitutes sophistics, i. E. The absence of semantics, a saturation based on the conflation of all units of meaning as well ac of any determined unit, with the form of substance, tode it. It is precisely against this dominant scheme, thought to be deleterious for language and ontology both, that Aristotle generates the concepts of categories. For this reason, I argue, we must no longer interpret categories as forms imposed on logos in predication or as types of "things" reduced to a naïve phenomenology. This new approach, rather, invites us to trace, from one text to another and within given texts, metaphorical slippages responsible for the ontological transformation of certain notions.
Abstract FR:
Cette thèse se propose d'étudier la notion de catégorie dans les oeuvres d'Aristote, à travers les différentes formulations et problématiques dans lesquelles la notion s'inscrit ; la notion traverse les champs de la physique, de la métaphysique, autant que la dialectique ou l'analytique ; à partir d'une relecture détaillée du texte dit des Catégories, nous tentons de saisir une stratégie philosophique destinée à déconstruire des apories du platonisme notamment, fondée sur l'interprétation par Aristote des causes de ces apories ontologiques. C'est la constitution d'une réflexion sur le caractère sémantique qui est fondatrice, confirmée par les lectures des Réfutations sophistiques, Topiques, Analytiques. Mais la sémantique n'est pas réduite ni à l'ontologie qui la fonde, elle est plutôt le moyen d'en fonder une nouvelle ;les catégories sont ainsi les formes d'unité, et de la détermination qui supplante la domination du schème substantiel. La métaphysique pour sa part n'en fait pas seulement des « genres » qui se substituent à ceux du platonisme (Sophiste) ni des accidents ontologiques de la substance. Il faut réinterpréter l'ensemble de l'enquête sur l'ousia en métaphysique, autant que le statut supposé des « catégories ». On peut ainsi dégager la force de la réflexion aristotélicienne sur le langage, irréductible à la perspective d'une réduction formaliste, autant qu'à une régulation du langage courant : la perspective apophantique, des sciences, de la démonstration elle-même ne fait pas l'économie du caractère sémantique du langage, et de ce qui vient mettre en question la fonction symbolique qui lui est conventionnellement assurée. Notre lecture consiste à relier la compréhension de l'acte de katêgorein à une manière aristotélicienne d'interpréter les apories du Platonisme, des Éléates et des physiologues, autant qu'à ce qui fait la force de la sophistique : l'absence d'une sémantique, une saturation essentialiste, qui s'appuie sur une manière de confondre toute unité signifiée, et toute unité déterminée avec la forme de la substance, le ceci -C'est contre ce schème, jugé dominant et catastrophique pour le langage comme pour l'ontologie qu'Aristote fabrique les concepts catégoriels, qu'il faut donc interpréter autrement que comme les formes imposées au logos dans la prédication, ou que les types de « choses » manifestées nécessairement par la signification (réduite alors à une phénoménologie naïve). Cela n'interdit pas, au contraire, de suivre aussi, entre les textes, et dans certains point textuels en particulier, des glissements, des effets de métaphore, qui participe à la transformation ontologique des notions.