Généalogie de la sensation : physique, physiologie et psychologie en Europe, de Fernel à Locke
Institution:
Lyon, Ecole normale supérieureDisciplines:
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Abstract EN:
Contrary to what an old maxim had us believe - "Nihil est in intellectu quin prius fuerit in sensu", nothing is in the intellect which was not previously in the senses - both the concept and the word "sensation" (latin "sensatio") entered the philosophical stage very late, in the first half of the seventeenth century. Their appearance implied a double unification process- of the psychological subject on the one hand, and of the physical causality on the other. This process did not begin very early indeed, but the scholastic way of thinking did remember only one version of it, Descartes', for whom neither the world nor the concept of sensation could be found. One can identify the task of a genealogy : to return to the multiple sources of this double unification process, to its diverse formulations, and to the divergent theories of the sensible they induced. Sensation appears to be not the mere expression of an "ideological climate", but the result of theoretical choices in the domains of physics, physiology and psychology. These choices also enable us to identify the characteristics of modern empiricism.
Abstract FR:
Contrairement à ce que laisse accroire une maxime pour nous sans âge -"Nihil est in intellectu quin prius fuerit in sensu", rien n'est dans l'intellect qui n'ait été auparavant dans les sens- le concept comme le lexique de la "sensation" ("sensatio" en latin) sont entrés très tardivement sur la scène philosophique, dans la première moitié du XVIIe siècle. Leur apparition nécessitait en effet un double processus d'unification, de l'instance psychique et de la causalité physique. Ce processus s'est amorcé certes tardivement, mais les catégories scolaires n'en ont malheureusement retenu qu'une version, celle de Descartes, dans laquelle pourtant ni le lexique ni le concept de sensation n'ont leur place. On peut alors fixer la tâche d'une généalogie : remonter aux sources multiples de cette double unification, à ses diverses formulations, ainsi qu'aux divergentes théories du sensible auxquelles elles ont donné lieu. La sensation se révèle alors être moins l'expression d'un "climat idéologique" que la résultante de choix théoriques précis, tant dans le domaine de la physique que dans celui de la physiologie ou encore de la psychologie. Ces choix permettent en outre d'établir plus précisément les coordonées de l'empirisme moderne.