Démocratie délibérative et démocratie de contestation : repenser l'engagement civique entre républicanisme et théorie critique
Institution:
Paris 10Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
This PhD thesis starts with a reflection on the way in which theories of participatory democracy and deliberative democracy have proposed to rethink the categories of democratic legitimacy and citizenship, at odds with the elitist and neo-utilitarist theories and the interest group pluralism. We develop a critical reading of the "deliberative turn" of démocratic theory, on the basis of recognition theory and we question the status of the ideal of deliberative democracy and the practical scope of the"deliberative citizen". We show that theories of deliberative democracy develop a conception of civic engagement which is too narrow. We particularly focus on the main tensionss that characterize the theories of deliberation, as the tension between inclusion and validity and between deliberation and contestation. First, we show that a pragmatist approach of the deliberative processes can overrun the dilemma of inclusion and validity. Secondly, we highlight the contribution of Republican theory that can help us thinking the relationship between deliberation and contestation. The theory of freedom as non-domination leads to a definition of the deliberative ideal as contestatory ideal. We identify the strengths and limits of the first versions of the idea of contestatory democracy and we propose a rereading of this notion in terms of "critical républicanism" based on a dialogue between non-domination theory and recognition theory.
Abstract FR:
Cette thèse part d'une réflexion sur la façon dont les théories de la démocratie participative et de la démocratie délibérative ont proposé de reconstruire les catégories de légitimité et de citoyenneté démocratiques, en rupture avec les optiques élitistes et néo-utilitaristes ainsi qu'avec le pluralisme des groupes d'intérêts. Notre travail développe une lecture critique du tournant délibératif de la théorie démocratique au prisme de la théorie de la reconnaissance,s'interrogeant en particulier sur le statut de l'idéal de la démocratie délibérative et sur la portée pratique de la figure du "citoyen délibératif". Nous montrons que les optiques délibératives développent une conception trop étroite de l'engagement civique. Nous nous penchons notamment sur les principales tensions qui caractérisent les théories de la délibération, comme la tension entre validité et inclusion et celle qui existe entre délibération et contestation. D'une part, nous montrons qu'une approche pragmatiste des processus délibératifs ouvre la piste d'un dépassement du dilemme de l'inclusion et de la validité. D'autre part, nous mettons en relief l'apport de la théorie républicaine qui dispose des ressources conceptuelles nous permettant de penser l'articulation entre délibération et contestation. La théorie de la liberté comme non-domination débouche en effet sur une déclinaison de l'idéal délibératif comme idéal contestataire. Nous dégageons les atouts et les limites des versions qui en ont été proposées et nous défendons une reproblématisation de lidéal contestataire à l'aune d'un "républicanisme critique" reposant sur un dialogue entre théorie de lanon-domination et théorie de la reconnaissance.