thesis

La distinction entre la durée et le temps dans l'oeuvre de Spinoza

Defense date:

Jan. 1, 1998

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Institution:

Paris 1

Disciplines:

Directors:

Abstract EN:

The aim of this thesis is to make a systematic reading of Spinoza's works starting from the distinction between duration and time. Spinoza resumes this distinction built by tradition in order to avoid the difficulties bound to the confusion of these two terms. But the deduction of the very nature of duration from the conatus will allow to go beyond the letter xii conception as it is presented : the point is no more to distinguish a before and an after, to maintain the continuity of the flow in spite of its division into parts, but to understand how the different states which affect the continuation of modal existence are unseparated from the variations of powers that they imply. Duration is not any more a succession of states but the transition of power carried by the least affect. The confusion between duration and time takes then another shape since it is through a time submitted to the mechanisms of imagination that the human body or the body politic refer themselves to the transition which affects their power. The duration of the individual or of the people is dissimulated behind different forms of time in which the memory of the past may produce the contingency or the presence of the future state as for the present one. However when some facts which seem to inscribe themselves in a contingent time find the opportunity to correspond with the development of the modal power it then creates opportune moments. The occasion is a limited period of duration unseparated from the action of which it delimites the effectivity. What could appear like an ultimate confusion between duration and time is, in fact, the exceeding point of this distinction relative to some aspects of the ethical or political analysis.

Abstract FR:

L'objet de ce travail est d'opérer une lecture systématique de l'œuvre de Spinoza à partir de la distinction entre la durée et temps. Spinoza reprend cette distinction, forgée par la tradition, pour éviter les écueils liés à la confusion de ces deux termes. Mais la déduction de la nature de la durée à partir du conatus va permettre de dépasser la conception que la lettre XII présente de celle-ci : il ne s'agit plus de distinguer un avant et un après, de maintenir la continuité de l'écoulement malgré sa division en parties mais de comprendre que les différents états qui affectent la continuation de l'existence modale sont indissociables des variations de puissances qu'ils impliquent. La durée n'est plus une succession d'états mais la transition de puissance dont le moindre affect est porteur. La confusion entre la durée et le temps prend alors une nouvelle forme puisque c'est à travers un temps livre aux mécanismes de l'imagination que le corps humain ou le corps politique se rapportent à la transition qui affecte leur puissance. La durée de l'individu ou de la multitude est dissimulée par différentes formes temporelles dans lesquelles la mémoire du passé peut engendrer la contingence ou la présence de l'état futur comme de l'état présent. Cependant lorsque des évènements qui semblent s'inscrire dans un temps contingent trouvent l'occasion de s'accorder avec le développement de la puissance modale, on assiste, alors, à l'émergence de moments opportuns. L'occasion est un intervalle fini de durée, indissociable de l'action dont il délimite l'effectivité. Ce qui pourrait apparaitre comme une ultime confusion de la durée avec le temps s'apparente en réalité avec le dépassement de cette distinction circonscrit à certains aspects de l'analyse éthique ou politique.