La musique et les textures sonores comme éléments du récit filmique dans l'œuvre de David Lynch, d'Eraserhead (1977) à Inland Empire (2006)
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Abstract EN:
This study aims to explore the universe and aesthetics of American director David Lynch (1946 -. . . ), focusing upon the musical and sonic aspects; it leans on a large corpus composed of the ten feature-films that he directed between 1977 and 2006. Since Eraserhead, which appears as a sonic matrix of Lynch's future works, music and sound design have been given a prominent place by the cineaste, in order to create a true osmosis between the visual and sonic components of the filmic narrative. Deeply involved in sound creation, as much as in the elaboration of original soundtracks and the choice of pre-existing music, he has also developed fruitful and recurrent collaborations, in particular with the sound engineer Alan Splet and the composer Angelo Badalamenti, along with occasional partnerships with various contemporary artists. Over the years, Lynch has developed a singular approach, at once fundamentally authorial and open to external interventions, chance and unforeseen; he has also set up original working methods based on experimentation, intuition, and the « process of action-reaction ». All the potentialities of the audible register and of the audio-visual combination are used to interact with the spectator, arousing either the adhesion to the fictional world —especially by mechanisms of subjectivisation —, or the disorientation and detachment by a highlighting of the filmic representation. This constant deployment of opposite forces contributes to feed the feeling of uncanniness which emanates from Lynchean narratives, reinforced or induced by some techniques such as the use of pre-existing pop songs of the 60s, the resort to lip-synch and the integration of sung or choreographed scenes, or the implementation of musico-narrative strategies inspired by dream mechanisms or by the repetition principle
Abstract FR:
Cette étude vise à explorer l'univers et l'esthétique du réalisateur américain David Lynch (1946-. . . ) à travers la dimension musicale et sonore, en s'appuyant sur un vaste corpus constitué des dix longs métrages qu'il a réalisés entre 1977 et 2006. Depuis Eraserhead, véritable matrice sonore de l'oeuvre à venir, le cinéaste a toujours accordé une place prépondérante à la musique et au sound design, n'ayant de cesse de parvenir à une réelle osmose entre les composantes visuelle et sonore du récit filmique. Fortement impliqué dans la création sonore, l'élaboration des musiques originales et le choix des musiques préexistantes, il a également su nouer des collaborations fructueuses et récurrentes, notamment avec l'ingénieur du son Alan Splet et le compositeur Angelo Badalamenti, ainsi que des partenariats occasionnels avec divers artistes contemporains. Au fil des années, Lynch a développé une approche singulière, à la fois foncièrement auteuriste et ouverte aux interventions extérieures, au hasard et à l'imprévu, qui s'accompagne de méthodes de travail originales fondées sur l'expérimentation, l'intuition et le « processus d'action-réaction ». Son cinéma utilise toutes les potentialités du registre de l'audible et de la combinaison audiovisuelle pour interagir avec le spectateur, suscitant tantôt l'adhésion au monde fictionnel — notamment par des mécanismes de subjectivisation —, tantôt la désorientation et la distanciation par une mise en évidence de la représentation filmique. Ce constant déploiement de forces contraires contribue à nourrir le sentiment d'inquiétante étrangeté qui émane des récits lynchéens, renforcé ou induit par certains procédés tels que l'utilisation de chansons préexistantes puisées dans le répertoire pop des années 1960, le recours au play-back et l'intégration de scènes chantées ou chorégraphiées, ou encore la mise en place de stratégies musico-narratives inspirées par les mécanismes du rêve ou par le principe de répétition du même