Le Motu proprio de Saint Pie X sur la musique sacrée (22 novembre 1903) et ses répercussions en France de 1904 à 1939
Institution:
Paris 4Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
For a long time, sacred music had often displayed excessive duration and virtuosity. This had made people forget the primacy of worship in church services: one could imagine oneself in a concert. . . Therefore, at the end of the 19th century, a few musicians formed various movements in order to counter this decadence. The pope Pius X even decided to encourage himself restoration works by publishing a "motu proprio" on 22th november, 1903, which explained what had to be the church music. But this motu proprio caused many controversies in France, which were reported in newspapers and debated in special congresses. However those reflections also led many composers to create new works, which were mostly pale imitations of Palestrina’s music. (Palestrina was indeed presented as the second model for sacred music after the Gregorian chant). A lot of composers consequently preferred to avoid such a mediocrity: they gave free rein to their creativity out of the church by including religious scenes in their oratorios or operas. But around the years 1925-1930, a growing number or musicology surveys as well as more serenity in debates enabled church composers to understand that ancient music had not to confine their creativity in past forms, but could reveal a special musical spirit. As a consequence, a more unified and inspired understanding of the liturgical music came out. Such an evolution at different levels revealed the great richness of Pius X's remarks. His thoughts had also unexpected consequences, which were then impregnated with his interest in making the congregation take an active part in church services, what shows his modernity. Nowadays, our repertoire has lost the influence of past forms of sacred music. Our ideas about church music vary between liturgical choir and sole leaders of hymns. Couldn't we now draw from the motu proprio ideas to renew our present practices ?
Abstract FR:
Depuis longtemps déjà, la durée et la virtuosité excessives des œuvres sacrées font oublier durant les offices que le culte est premier : chacun s'y retrouve comme au concert. Aussi, dès la fin du XIXe siècle, quelques musiciens s'efforcent de contrecarrer cette décadence à l'intérieur de divers mouvements ou institutions. Le pape Pie X lui-même décide d'encourager les travaux de restauration en publiant, le 22 novembre 1903, un motu proprio qui précise ce que doit être la musique d'église. Mais ce motu proprio engendre en France de nombreuses controverses relatées par la presse et discutées lors de congres spéciaux. Ce vaste chantier suscite aussi un regain de production d'abord limité à de pâles plagiats de musique palestrinienne, second modèle offert par Pie X après le chant grégorien. De ce fait, beaucoup d'auteurs renommés préfèrent fuir cette médiocrité pour la compenser hors de l'église et à leur manière dans les scènes religieuses de leurs oratorios ou opéras. Cependant, vers 1925-30, les musiciens d'église saisissent, dans une sérénité croissante et à la lumière des études musicologiques en plein essor, que la musique ancienne ne doit pas enfermer leurs créations dans les formes du passé mais leur révéler un certain esprit musical. Alors se dessine une compréhension de plus en plus unifiée et inspirée de la musique liturgique une telle évolution, reconductible à différents niveaux, soulève toute la richesse des propos de Pie X, propos aux conséquences insoupçonnées et confirmés par ce qui a été promulguée après lui. L'intuition de ce grand pape, marquée par son intérêt pour la participation active des fidèles à l'office, révèle sa modernité. Notre répertoire actuel, qui semble avoir beaucoup perdu en regard de formes anciennes disparues, et nos conceptions du chant d'église, qui hésitent entre la chorale liturgique et l'unique "animateur", ne pourraient-ils pas puiser a cette source de quoi régénérer les habitudes de notre temps ?