La théorie de la connaissance dans le Laghı̄yastraya d'Akalaṅka
Institution:
Lyon 3Disciplines:
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Abstract EN:
This study reconstructs the knowledge theory of Akalaṅka, a Jaina Digambara philosopher who lived in India during the 8th century C. E. (720-780). It is based on a preliminary critical edition and a translation of Akalaṅka's Laghı̄yastraya and of Abhayacandra's commentary thereupon, entitled Syādvādabhūṣaṇa (13th century). While defining the means of knowledge (pramāṇa) as the cognition which knows itself and its object, Akalaṅka doesn't consider reliability in the empirico-practical realm as an element of that definition: a cognition which is obtained by empirical means can deceive the cogniser, according to the viewpoint, hecause such a cognition alone is not able to explain perfectly how things really are. Only the omiscient one can know a thing in its entirety and as it really is, for all things and beings express one another. At the empirico-practical level, the highest knowledge is merely attained thanks to substitutes whose best instance is the sevenfold predication (syādvāda) ; but the syādvāda doesn't cancel the possibility of omniscience, because it applies exclusively to statements uttered from the empirico-practical standpoint. In accordance with the distinction between these two orders of knowledge, Akalaṅka propounds a double architectonics of the means of knowledge, which causes a conceptual shift in the sensuous cognition: whereas, strictly speaking, this cognition comes under the means of indirect knowledge (parokṣa) because it doesn't involve solely soul, unlike omniscience, nevertheless the clarity which constitutes its mark allows us to consider it as a kind of perception (pratyakṣa) at the empirico-practical level.
Abstract FR:
Cette étude reconstitue la théorie de la connaissance d'Akalaṅka, philosophe jaina digambara qui vécut en Inde au VIIIe S. Après J. -C. (720-780). Elle se fonde sur une édition critique préliminaire et une traduction du Laghı̄yastraya d'Akalaṅka et du Syādvādabhūṣaṇa, commentaire d'Abhayacandra (XIIIe s. ). Définissant le moyen de connaissance valide (pramāṇa) comme la connaissance certaine qui se connaît elle-même en même temps que son objet, Akalaṅka n'intègre pas à cette définition la fiabilité dans le domaine empirico-pratique. En effet, une connaissance acquise par des moyens empiriques est susceptible, selon le point de vue adopté, de décevoir le sujet, car elle n'a pas à elle seule la capacité de rendre compte adéquatement d'un état de choses. Seul l'omniscient peut connaître adéquatement une chose, car tous les étants s'entr'expriment. Dans la sphère empirico-pratique, la plus haute connaissance ne s'atteint que par des succédanés dont le parangon est la septuple prédication (syādvāda) laquelle ne contredit pourtant pas la possibilité de l'omniscience : elle s'applique exclusivement aux énoncés proférés d'un point de vue empirico-pratique. En vertu de la distinction entre ces deux ordres de connaissance, Akalaṅka propose une double architectonique des moyens de connaissance valide, qui fait opérer un glissement à la connaissance sensorielle : tandis qu'elle relève stricto sensu du moyen de connaissance indirect (parokṣa) parce qu'elle n'est pas une connaissance qui met uniquement en jeu l'âme, contrairement à l'omniscience, la clarté qui la caractérise permet toutefois de la tenir, au plan de la réalité empirico-pratique. Pour une forme de perception (pratyakṣa).