Le problème de la mentalité primitive : Lévy-Bruhl, entre philosophie et anthropologie
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Lille 3Disciplines:
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La figure singulière de Lucien Lévy-Bruhl, 1857-1939 permet d'interroger les rapports entre philosophie et anthropologie en France au cours des deux derniers siècles, à travers le problème de la mentalité primitive. Sous ce terme, Lévy-Bruhl cherchait à décrire un mode de pensée qui ne suit pas les règles de la logique théorique, notamment le principe de non-contradiction, mais qui fonctionne selon d'autres règles, ce que l'on peut appeler une logique de la pratique. La pensée de Lévy-Bruhl constitue à la fois une critique de l'évolutionnisme, qui subordonne cette logique de la pratique à une logique réflexive en projetant sur elle ses exigences théoriques, une description des modalités à travers lesquelles le social agit causalement sur les individus et les transforme en sujets, ce qu'il désigne du terme de participation, et un appel à l'étude d'une expérience plus large que l'expérience scientifique et la conditionnant, qui a été notamment reçu par la phénoménologie et l'ethnographie. Si l'on redonne à sa réflexion sur la mentalité primitive sa portée interrogative et subversive, Lévy-Bruhl peut alors être vu comme un point de basculement dans l'histoire de l'anthropologie, entre le positivisme, qui rapporte tous les modes de pensée à l'unité d'un sujet collectif, comme on peut le voir dans la théorie du fétichisme chez Comte, et le structuralisme, qui analyse les modes de pensée dans leurs différences et leurs conflits sans garantie d'un sujet triomphant, comme le afit Lévi-Strauss dans l'étude de la pensée sauvage