Identité philosophique et évolution historique du pyrrhonisme ancien
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Abstract EN:
Pyrrhonian philosophers of Antiquity did not belong to a school : Timo, Aenesidemus, and Sextus Empiricus were philosophers without masters or doctrine, and looked rather like isolated philosophers, claiming to be a follower of the wise Pyrrho as a paradoxical master and to adapt Pyrrho’s way of thinking to the different dialectic situations they met. Yet, should we abandon the idea of a « pyrrhonian tradition » ? This thesis aims at restoring this tradition by defining some shared views on three particular themes – ontology, language, action – on which each philosopher varied with great subtlety. But such a reconstruction would be impossible without revisiting the words and the concepts which made a name for this tradition. It seems that « skepticism » is not the best designation neither from an historic nor a philosophic point of view. This analysis allows us to call on a « pyrrhonian tradition », whose different stages are studied, from Timo, Pyrrho's first follower, to the pyrrhonian skepticism of Sextus Empiricus, including a detailed analysis of the relativism of Aenesidemus, on the basis of Photius' summary and the ten tropes strategy. Despite the evolutions of the history of ancient pyrrhonism, it is still possible to discover an exceptional ethic claim, according to which happiness is to live without beliefs.
Abstract FR:
Les philosophes pyrrhoniens de l'Antiquité n'ont pas fait, au sens strict du mot, école : philosophes sans maîtres et sans doctrines, Timon, Enésidème et Sextus Empiricus apparaissent bien plutôt comme des philosophes isolés qui ont, chacun à leur manière, cherché à s'approprier la sagesse du maître paradoxal que fut Pyrrhon, et dont les positions évoluèrent au gré des débats marquant la période hellénistique et impériale. Faut-il pour autant abandonner l'idée d'une « tradition pyrrhonienne » ? Cette étude se propose de reconstituer cette tradition autour de trois thèmes – l'ontologie, le langage, l'action – sur lesquelles chaque pyrrhonien joue des variations subtiles. Une telle reconstitution est impossible sans défaire les réseaux de transmissions des textes qui constituent le corpus du pyrrhonisme, ainsi que les termes qui servirent à désigner cette tradition. Il apparaît alors que le concept de « scepticisme » n'est ni le plus légitime historiquement, ni le plus adéquat philosophiquement. Ce premier pas permet de fonder l'idée d'une tradition pyrrhonienne à partir de laquelle sont étudiées les différentes étapes du pyrrhonisme, du premier disciple de Pyrrhon, Timon, au scepticisme pyrrhonien de Sextus Empiricus, en passant par la figure centrale de la renaissance du pyrrhonisme, Enésidème, dont les positions relativistes sont étudiées à partir du texte de Photius et de la « théorie » des dix tropes. Malgré les évolutions importantes dans l'histoire du pyrrhonisme ancien, il est possible d'y déceler une intention éthique unique, qui place notre bonheur dans une vie sans croyance