Abstract FR:

Le phénomène de la mondialisation, en conférant à la dimension économique de l'aventure existentielle de l'homme un statut prépondérant, a transformé son exigence de convivialité sociale en une dynamique concurrentielle où la volonté d'accaparement et de capture prend le pas sur ses aspirations intrinsèques à la sociabilité. Et dans cette quête effrénée d'une prospérité toujours à réaliser, la concurrence, par son âpreté, transforme les hommes en adversaires irréductibles avec, d'un côté, les gagnants qui engrangent des dividendes et, de l'autre, les laissés-pour-compte des contrées déshéritées. Comprendre le monde pour donner un sens à son évolution nous oblige à revisiter les courants de pensée qui, depuis Hobbes jusqu'à Rawls, en passant par Rousseau, Kant ou Marx, ont tenté, en recourant à l'artifice du contrat social, d'établir en raison la validité de tout transfert de souveraineté, au sein de l'Etat-nation, d'un individu ou groupe d'individus à une instance centrale vouée à la gestion de la cité. Mais sur l'arène mondiale, ce paradigme perd de sa pertinence et oblige à recourir à la théorie du système-monde et à la complexité comme modèles d'analyse d'un monde qui, en réhabilitant l'utopie d'une société ordonnée, place la justice comme son horizon de mire. Aussi la problématique de l'émergence d'une instance étatique au plan mondial devient-elle centrale à tout ordonnancement politique qui, au delà la sécurité collective, placerait la prise en charge des défis nouveaux (catastrophes écologiques, pandémies, dette, etc. ) induits par la mondialisation comme condition dirimante de survie. Et face à l'inefficacité de l'ONU et à l'inadéquation des structures des autres instances internationales actuelles, sous quelles conditions pourrait-on valablement fonder en raison l'instauration d'une authentique centricité au monde pour en assurer la bonne gouvernance ?