thesis

"L'Île du rêve" de Reynaldo Hahn : contribution à l'étude de l'opéra français de l'époque fin-de-siècle

Defense date:

Jan. 1, 1999

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Institution:

Tours

Disciplines:

Authors:

Directors:

Abstract EN:

Performed at the Opéra-Comique in March 1898, "L’Île du rêve", a Polynesian idyll by Reynaldo Hahn, can be considered as one of the characteristic elements of the French lyric stage in the last years of the 19th century. Composed by a favourite pupil of Jules Massenet, who was at the junction of several social networks (the Paris Conservatoire, the literary circle, the salons), the work was taken from a successful novel by Pierre Loti, "Le Mariage de Loti". It brings out the passion that the public developed at the time for literary adaptations and participates in a late movement of renewal of exoticism. It is also the first production of Albert Carré, appointed manager of the Opéra-Comique while this institution was the subject of a debate about its future. "L’Île du rêve" takes place as well in Pierre Loti's literary space, filled with reflection effects. The sets of themes that are common to the initial story, the libretto and the music, illustrate the transposition of a literary work into a lyric work that takes part in the musical evolution of the time: the formal organization, the layout of the motifs, the vocal style, emphasize the continuous sound production whose unvaried singing spreads on a recurrent and unevolutive thematic field. The reception of the work throws some standpoints of the time into relief: the fear of decadence, the obsession about the regeneration of French art, the wish to found new forms and subjects. It gives the opportunity to regard "L’Île du rêve" as a lyric creation which is contemporary with the symbolist aspirations for a dematerialized theatre but, at the same time, is aesthetically close to the Parnassian ideal of immutability. For these reasons, the score, that is halfway between the codified exoticism of "Lakmé", by Léo Delibes (1883), and the theatrical and musical revival represented by "Pelléas et Mélisande", by Claude Debussy (1902), is symptomatic of the transition from the 19th century to the 20th century.

Abstract FR:

Representée à l'Opéra-Comique en mars 1898, "L’Île du rêve", idylle polynésienne de Reynaldo Hahn, est considérée ici comme l'un des chainons caractéristiques de la scène lyrique française des dernières années du XIXe siècle. Écrite par un élève privilégié de Jules Massenet - situé au croisement de plusieurs réseaux sociaux (le Conservatoire, le milieu littéraire, les salons) -, l'œuvre est tirée d'un roman à la mode de Pierre Loti, "Le Mariage de Loti". Elle met en lumière l'engouement de l'époque pour les adaptations littéraires et s'inscrit dans un mouvement tardif de renouvellement de l'exotisme. Elle correspond aussi à la première création d'Albert Carré, nommé directeur de l'Opéra-Comique alors que cette institution fait l'objet d'un débat sur son avenir. "L’Île du rêve" s'inscrit également dans l'espace littéraire de Loti, au vaste jeu de miroirs. Les champs thématiques communs au récit initial, au livret et é la musique permettent d'éclairer la transposition d'une œuvre littéraire en une œuvre lyrique qui participe de l'évolution musicale de son temps : l'organisation formelle, l'agencement motivique, l'écriture vocale, mettent en relief une expression sonore continue où un chant peu différencié se déploie au-dessus d'une texture thématique récurrente et peu évolutive. La réception de l'œuvre rend saillantes certaines attitudes mentales de l'époque : la crainte de la décadence, l'obsession de la régénération de l'art français, le besoin de renouvellement des formes et des sujets. Elle permet d'examiner "L’Île du rêve" comme une production lyrique contemporaine des aspirations symbolistes à un théâtre dématérialisé, mais esthétiquement proche de l'idéale d'immuabilité parnassien. En cela, cette partition, qui se situe à mi-chemin entre l'exotisme codifie de "Lakmé" de Léo Delibes (1883) et le renouveau scénique et musical que va représenter "Pelléas et Mélisande" de Claude Debussy (1902), est symptomatique du tournant du siècle.