Abstract FR:

Voici une interrogation au sujet de la comprehension du terme esthetique. Renvoie-t-il a un champ disciplinaire bien defini, ou a une connaissance dont la transversalite concernerait des domaines qui ne lui sont pas conventionnellement associes, comme la science, l'epistemologie ou la communication ? pareille question laisserait encore penser que l'esthetique est une modalite particuliere d'un questionnement philosophique, par excellence transversal. Toutefois, cela nous parait inevitable : nous ne voyons pas d'autre approche que philosophique pour mener une reflexion sur l'esthetique en tant que regard eventuellement connexe. La tradition de l'ontologie, avec ses problematiques cardinales, a souvent entraine l'esthetique du cote de ses visees metaphysiques. Des mouvances, d'inspiration plus pragmatique, ont largement critique ce modele tutelaire, et en appellent desormais a une esthetique "sans mythes" (schaeffer). Cependant, et c'est le propos de cette these, il nous semble que subsistent, sinon de nombreux "mythes", du moins des attendus speculatifs, au sein du discours sur l'esthetique, lequel se ferait toujours l'echo de concepts rationnels et juridiques, herites, notamment, du kantisme. Pour tenter de les souligner, il nous a paru interessant de faire subir a l'esthetique l'epreuve d'une pensee meconnue, bien qu'etablissant elle aussi une longue "tradition", des sophistes a rosset en passant par lucrece et nietzsche : la pensee tragique. Parce qu'elle refuse la metaphore anthropomorphique de l'ordre naturel et n'accepte au titre de fondement qu'un anti-concept de hasard, cette pensee aurait des consequences tant philosophiques qu'epistemologiques ou esthetiques (ces plans ou ces enjeux finiront par se confondre), qu'il s'agira d'etudier.