Raisonnement pratique et délibération dans la philosophie contemporaine de l'action
Institution:
Paris 4Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
This thesis deals with the function of our conscious pratical thinking. I argue in the first part of the thesis that this thinking is based on beliefs. This is a twofold thesis. The first part of it is to distinguish desires from beliefs about our desires. In order to enforce this distinction, I defend that we know our desires by inferences through our emotions. The second part is to defend cognitivism and externalism about our normative judgments. These judgments express beliefs and not motivations and they are not intrinsically linked to motivations. Hence practical thinking relies on two heterogeneous type of beliefs : factual considerations about our desires and the world as well as normative considerations. Moreover, these beliefs are not motivating according to the so-called human theory of motivation. This raises two difficulties : first, what is the function of moral thinking if we can at best act rationally in accordance with our desires. Second and more generally, how practical thinking in temr of beliefs is going to have some effect on our actions. The response to the first problem is in two steps. First, I defend an internalist contraint on our reasons : the demands of morality should not exceed what we may possibly desire. Second, I contend that is often rational and possible to try to change our motivations in order to bring them more in line with our moral beliefs. The response to the second problem implies that our reflective judgments and choices do not motivate our actions. Nevertheless, they may awaken our motivations or help to focus on them, thereby changing the configuration of our motivations, hence indirectly our actions. In accordance with this view, I argue that our intentions directed toward the future are but sets of connected beliefs.
Abstract FR:
La thèse vise à comprendre le rôle de la réflexion pratique consciente. Je soutiens dans la première partie de la thèse que cette réflexion manipule exclusivement des croyances. C'est la thèse double qui consiste d'une part à distinguer les désirs des croyances à propos de nos désirs et d'autre part à défendre un cognitivisme externaliste à propos de nos jugements normatifs. Ces derniers jugements n'expriment en effet ni des motivations ni des états qui sont intrinsèquement motivants. De là, il ressort que la réflexion pratique manipule deux sortes de croyances : des considérations factuelles à propos de nos désirs et du monde mais aussi des considérations normatives. Cela soulève deux problèmes : premièrement, quelle peut être la fonction de la réflexion morale si nous pouvons au mieux agir rationnellement pour satisfaire nos désirs. Deuxièmement et de façon plus générale, comment une réflexion pratique en terme de croyances peut-elle avoir un effet sur nos actions. La réponse au premier problème est en deux étapes. Tout d'abord, je défends une contrainte internaliste sur les raisons : les demandes de la morale ne devraient pas excéder ce que nous pourrions désirer. Ensuite, je soutiens qu'il est souvent rationnel et possible de changer ses désirs pour les mettre plus en accord avec nos croyances morales. La réponse au second problème consiste à accepter que nos jugements réfléchis et nos choix conscients ne motivent pas nos actions. Néanmoins, ils peuvent actualiser nos désirs ou aider à ce qu'ils soient plus présents à notre esprit, ce qui peut changer la forme de nos motivations, et, de là, influer sur nos actions de façon indirecte. Dans le prolongement de cette idée, je soutiens que les intentions préalables ne sont rien d'autre que des ensembles de croyances.