Les corps de Jean-Jacques Rousseau
Institution:
Paris 1Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
The reason why so many books were written on Jean-Jacques Rousseau is that this author has many facets : he commenced by writing poetry, comedies and tales. His tone can be that of intimate confidences or that of satirical tracts. Rousseau is both a political writer and a novelist, sometimes in a single book. But he was criticized by the encyclopaedists who presented him as a false man : he wrote les confessions and les dialogues in order to exculpalte himself in the eyes of posterity. Indeed psychoanalysts consider his case as an example of persecution mania. His political thinking is paradoxical : in discours sur l'inegalite or in le contrat social, he was revolutionary before the term existed, but in la nouvelle heloise, clarens utopia is rather conservative and paternalistic. Is there an unity lying hidden in this variety ? An answer to this question is given in the present work : the reason why Rousseau's works are diverse is that rousseau himself was a diverse, split person, and this splitting results from a lack of unity in the representation of his own body. According to the present analysis, Rousseau has indeed not a single body, but rather four bodies : a female body (while he is a male person), a childish body (that he wants to keep for life), a body plagued by illness but also persecuted by mankind as a whole, and finally a natural body, whose inclinations are only half expressed by Rousseau : these inclinations would lead to an indecisive homosexuality. We call this homosexuality indecisive because it is not borne out by a pract
Abstract FR:
Si tant de livres ont été écrits sur Jean-Jacques Rousseau, c'est que cet auteur est divers : Rousseau commença par écrire des vers, des comédies, des contes ; son ton peut être celui de la confidence intime, mais également celui du pamphlet; Rousseau est à la fois auteur politique et romancier, et parfois dans le même livre. D'autre part, Rousseau fut en butte à la persécution des encyclopédistes, qui l'ont présenté comme un homme faux : si Rousseau écrit les confessions, puis les dialogues, c'est pour se disculper au regard de la postérité. Les psychanalystes se sont emparés de son cas, pour en faire un exemple d'un homme en proie au délire de la persécution. Rousseau semble être révolutionnaire avant la lettre, dans le discours sur l'inégalité, et dans le contrat social : mais dans la nouvelle Héloïse, l'utopie de Clarens est d'inspiration conservatrice et paternaliste. Où trouver l'unité de cette diversité ? La réponse donnée dans notre travail est : si l'œuvre de Rousseau est divisée, c'est que Rousseau lui-même fut une personne divisée; et cette division vient de l'absence d'unité, En Rousseau, de la représentation de son propre corps. Selon nous, Rousseau a non pas un corps unique, mais quatre corps : un corps féminin (alors qu'il est un être masculin), un enfantin qu'il veut garder toute sa vie, un corps persécuté par la maladie mais également par des persécuteurs qui finissent par être le genre humain tout entier, et un corps naturel, dont rousseau exprime à demi, mais à demi seulement, les penchants : ces penchants se ramèneraient à une homosexualité indécise. Et cette homosexualité est dite indécise parce qu'elle se fonde moins sur une pratique homosexuelle (d'ailleurs niée énergiquement par Rousseau) que sur le refus d'admettre la coupure du genre humain en deux genres, le masculin et le féminin