Abstract FR:

Kant engage, dans la critique de la faculté de juger, en sa partie esthétique, tout un travail d'intégration d'un matériau anthropologique et physiologique (les notions de force vitale et de sante) à une recherche proprement transcendantale. Il découvre alors, au cœur du sentiment esthétique de la vie, l'initiation d'une puissance de juger (l'analytique du beau) et l'émergence d'un pouvoir pratique (l'analytique du sublime). Dans le territoire esthétique, l'homme est pris en charge en sa totalité, dans l'unité réconciliée du sensible et de l'intelligible, de la chair et de l'esprit. Kant affirme ainsi la nécessité d'un discours rationnel sur la vie, pas simplement dans la nature (téléologie des formes naturelles), mais aussi en l'homme (les conditions de possibilité d'une vie authentiquement humaine). La stimulation esthétique du sentiment de sante est l'autre nom d'une disponibilité fondamentale pour les taches qui sont les nôtres (le bien-vivre et le bien-penser, dans une condition de pluralité). C'est à l'exploration de ces grands passages, au cœur de l'épanouissement esthétique du sens vital, qu'est destiné ce propos (passage au concept, à l'idée, à la vie pratique). L'esthétique offre ainsi une architectonique d'ensemble de la pensée critique.