Théologie versus physique dans la poésie présocratique
Institution:
Paris 4Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
The aim of the present thesis consists in re-evaluating, in several important respects, theological thought of Xenophanes. First of all, Xenophanes is the first thinker to have adopted an epistemological distinction between discourse concerning god and discourse concerning nature, thus distancing himself from his Ionian predecessors who identified the divine with their primary cosmological principle. On the other hand, in adopting epic language and form of expression, Xenophanes criticised the anthropomorphic notion of god implicit in the works of the epic poets. On the basis of that critique he formulated his theological doctrines that lie at the basis of the Parmenidean ontology (as both Plato and Aristotle attest) to the extent that Xenophanes was the first to describe god as unique and immutable. Furthermore, purely noetic nature that Xenophanes attributed to his unique and immutable god, by means of which he sets everything in motion, not merely prefigures the noetic immutability of Parmenides' being, but is also directly echoed in the god of Empedocles. The latter is considered as an intellect which through his thought directs everything that is, thus anticipating the primary unmoved mover of Aristotle's metaphysics. By the way of the conclusion we argue that, in adopting epical language to convey their thought, Xenophanes, Parmenides and Empedocles distance themselves from their Ionian predecessors who practised physics in the sense of Historiê to the extent that the former practised 'theology' - they invoked god in order to answer the questions concerning divine reality which escapes human experience and knowledge.
Abstract FR:
Le but de la thèse présente consiste en la réévaluation de la pensée théologique de Xénophane à plusieurs égards. Tout d'abord, Xénophane est le premier penseur à avoir fait la distinction épistémologique entre le discours sur le dieu et le discours sur la nature, se démarquant ainsi de ses prédécesseurs ioniens, qui ont considéré leur principe premier cosmologique comme divin. De l'autre coté, tout en adoptant la langue épique, Xénophane exerce une critique contre l'anthropomorphisme des dieux chez les poètes épiques. Sur la base de cette critique il parvient à formuler ses doctrines théologiques, qui sont à l'origine de l'ontologie parménidéenne selon Platon et Aristote, dans la mesure où dieu d'après Xénophane est considéré comme unique et immuable. En outre, la nature purement noétique que Xénophane reconnaît à son dieu unique et immuable, par laquelle il met toute chose en mouvement, non seulement préconise l'immuabilité noétique de l'Etre parménidéen, mais elle fait aussi directement écho au dieu empédocléen considéré comme un Intellect, qui dirige toute chose par sa pensée, en anticipant aussi sur le premier moteur immobile de la métaphysique aristotélicienne. En guise de conclusion, en adoptant la langue épique afin de véhiculer leur pensée, Xénophane, Parménide et Empédocle se distinguent de leurs prédécesseurs ioniens qui ont fait de la physique dans le sens de l'historié, dans la mesure où eux font de la "théologie" en ce sens qu'ils évoquent dieu, afin de répondre à des questions sur les choses divines qui échappent à l'expérience et à la connaissance humaine.