thesis

Les Études pour piano de György Ligeti : imagination sonore et théâtralisation

Defense date:

Jan. 1, 2003

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Institution:

Paris, EHESS

Disciplines:

Authors:

Directors:

Abstract EN:

Ligeti began writing his piano Etudes almost twenty years ago. Though as yet the cycle is incomplete, the études have attained an almost mythical status among contemporary composers and performers. Musicologists however have tended to neglect them. The études are remarkable both pianistically and compositionally. They are not a random collection of pieces, but an organized cycle. They mark Ligeti’s return to the piano, and give us the opportunity of considering the changes of style of his latest period. In this study we do not limit ourselves to listing the techniques employed by the composer to achieve his sonic and musical effects. We constantly keep in mind his artistic aims. This is no simple task, because a solo instrument, even a polyphonic one like the piano, is not adapted to this kind of analysis, especially since Ligeti’s utilisation of the piano’s technical possibilities is on the whole conventional. Nevertheless not only are the sonorities surprising and unusual, but they conjure up in the listener’s imagination both ephemeral and persistent images and sometimes a sequence of such images, like the successive episodes of a story or the scenes in a play. The heart of our thesis is an attempt to translate Ligeti’s musical language into a series of images and to decipher the hidden musical, literary, pictural and cinematic references it contains. Ligeti’s music is not program music, nor are the études simple atmospheric evocations. They go beyond that. They are so to speak ‘theatralized’. We enter a virtual theatre where speakers, mimes, tumblers and clowns alternate, or an imaginary cinema screen where the machines so dear to Ligeti’s heart turn frenetically as in ‘Fanfares’ or menacingly as in ‘Désordre’.

Abstract FR:

Les Etudes pour piano de Ligeti, commencées il y a vingt ans et encore inachevées, ont acquis un prestige avec lequel peu d’œuvres contemporaines peuvent rivaliser. Mais, bien que référence majeure des compositeurs et des pianistes actuels, elles restent négligées des musicologues. Etudes à la fois compositionnelles et instrumentales, elles ne constituent pas une simple collection d’œuvres diverses, mais un cycle organisé. Marquant le retour de Ligeti au piano, elles permettent de s’interroger sur son rapport avec le tournant stylistique qui signe sa dernière période. Dans ce travail, l’analyse, loin de se borner à un relevé des moyens techniques mis en œuvre par le compositeur, a constamment pour ligne directrice son intention esthétique, l’ambition étant de rendre compte de l’étonnant pouvoir de suggestion des Etudes. Tâche délicate, car un instrument solo, fût-il polyphonique tel le piano, ne paraît guère adapté à ce type de regard sur la musique et l’utilisation qu’en fait Ligeti est assez conventionnelle. Pourtant, non seulement les sonorités surprennent mais elles déclenchent dans l’esprit de l’auditeur des images fugitives ou persistantes, qui s’organisent même parfois en une succession de séquences enchaînées comme les épisodes d’une narration ou les scènes d’une pièce de théâtre. La traduction en séries d’images du discours musical de Ligeti et le décryptage de l’univers de référence – musicales, littéraires, picturales ou cinématographiques – où va puiser l’imaginaire en action sont au cœur de cette thèse. Car, s’il n’est pas question de musique à programme, les Etudes dépassent le stade de simples évocations d’atmosphères et s’engagent dans la voie de la théâtralisation, c’est-à-dire d’un théâtre virtuel sur la scène duquel défilent des personnages divers (parleurs, gesticulateurs, saltimbanques, grotesques), d’un écran de cinéma imaginaire où s’activent frénétiquement les machines chères à Ligeti, tournoyantes comme dans Fanfares, inquiétantes comme dans Désordre.