Portée purgative des "Essais" de Montaigne
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Il faut prendre les "Essais" comme un bain, un breuvage purgatif. Puisque l'âme se débarrasse progressivement des opinions arrêtées (nuisibles pour la paix intérieure et la paix civile). Au moyen de l'exercice du jugement, de l'imagination active ou de l'ironie. Pour conduire à l'aveu d'ignorance, au vide ontologique. Mais un vide accompagné de soulagement, de plénitude sensible et de jouissance de soi. La purgation libère en effet l'âme des spéculations abstraites pour l'unir intimement au corps (notamment sous la forme équestre de l'assiette). Cette union donne par ailleurs naissance au moi sensible, comme expérience immédiate (non-discursive). Le sensible sert désormais de support ou de fondement mobile (sur le modèle du régime alimentaire). Pour un jugement et une raison qui se veulent éminemment singuliers. La purgation entraîne en outre une soumission aux puissances de la nature et du hasard (la bonne nature et la bonne fortune de l'auteur aidant). Montaigne met cependant un frein à ses fantaisies, ainsi qu'à ses pulsions, par un légalisme intransigeant. La prière finale à Apollon (dieu qui lave et qui purifie des souillures) et l'itinéraire du "Voyage en Italie" (ponctué de bains et de douches) corroborent cette expérience des "Essais", comme purgation.