Le législateur et le poète : éducation et politique chez Platon, étude des livres II et VII des Lois
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Lille 3Disciplines:
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Cette thèse étudie la question des poètes dans les Lois. On sait que dans le livre X de la République, les poètes sont chassés de la cité juste. Or il n'en va pas de même dans les Lois, où ils sont au contraire utilisés par le législateur comme instrument éducatif. Dès lors, les questions qui se posent sont les suivantes : comment comprendre cette utilisation ? et comment comprendre le changement qui s'opère entre la République et les Lois? Le travail a été centré sur ce dernier dialogue : il s'est agi de montrer que le poète s'y trouve défini comme l'interlocuteur privilégié du législateur. En effet, Platon redéfinit l'activité législative sur la base d'une analyse de la nature humaine : l'homme étant un être d'affects, il ne suffit pas d'édicter des lois, mais il faut préparer les citoyens à leur obéir grâce à l'éducation. Légiférer, c'est donc d'abord éduquer, c'est-à-dire agir sur les affects : il s'agit de faire en sorte que le citoyen aime ce qu'il faut aimer et hai͏̈sse ce qu'il faut hai͏̈r. Cet accord entre les affects et la loi est opéré par le discours poétique : soumis au contôle du législateur, le poète doit transmettre de manière agréable, donc persuasive, un discours en accord avec la loi. Il assure ainsi l'efficacité des lois. Parallèlement, si le poète est l'éducateur, le législateur est lui le véritable poète ; le discours politique est redéfini comme un discours poétique, de la même façon que le discours poétique a vocation politique. La raison du revirement par rapport à la République tient à une différence de projet entre les deux dialogues : dans la République, Platon définit la cité juste, qui par nature exclut le poète - mais il ne propose pas un programme politique pour une cité possible ; en revanche, les Lois sont un dialogue véritablement politique, au sens où Platon y définit les conditions d'une véritable action politique : l'homme est un être d'affects et c'est donc sur les affects que le législateur doit agir - via le poète