Kierkegaard et le don
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Paris 4Disciplines:
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Abstract FR:
Le don traverse toute l'œuvre de Kierkegaard. Il rend compte de la nature de l'existence, qui n'est pas, mais qui a à être. L'existant est à la fois donné dans sa déterminité et libre de son devenir: il est originairement endetté, et l'exister peut alors être compris comme un effort de contemporanéité à soi, dont on voit qu'il échoue aux stades esthétique aussi bien qu'éthique. L'existant ne peut plus alors qu'espérer en une grâce divine qui, en lui réouvrant ses possibles, lui réouvre une temporalité obscurcie par le péché. Le don permet également de cerner la thématique de l'angoisse et du désespoir, si prégnante chez Kierkegaard : l'angoisse est cet affolement de la liberté lorsqu'elle s'aperçoit que s'est effondré sous ses pieds la nécessité ontologique rassurante, et qu'il lui faut être disponible pour elle-même. Le désespoir est l'expression existentielle d'un refus de la dérivation : l'individu tente frénétiquement de se renfermer à tout prix sur l'enclos d'un moi privatif et autosuffisant. Seul le nouveau don de la foi lui permet alors d'aborder l'ouverture des possibles et de l'avenir sans cette panique de la liberté. Mais un don est une tâche : l'individu doit également apprendre à donner pour accueillir en vérité ce moi qu'il est. On voit par la non seulement comment la notion de communication existentielle prend sens à la lumière du don, mais, plus généralement, qu'il n'y a pas de subjectivité hors de l'intersubjectivité, portée par un rapport de sollicitude et d'amour à l'égard d'autrui. Enfin, Kierkegaard se dégage par le biais du don des présupposés de l'ontologie, entendue comme processus de totalisation et de justification perpétuelles. La raison a besoin de d'un objet réifié pour travailler, et elle ne sait que faire du sujet et du singulier. C'est pourquoi elle est finalement inapte à comprendre ces déchirures dans l'être que sont l'existence - et dieu, dont on s'aperçoit ainsi qu'il n'est pas, hors du pur don « pré-ontologique » de son amour.