L'ethnicité comme forme de dépérissement de l'État en Afrique noire : pour une contribution critique de l'analyse de l'État africain au travers du concept de raison utopique
Institution:
Paris 8Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Since its encounter with Western civilization, Africa has lost part of its cultural heritage and is now paving the way for the implementation of democracy. But it should be underlined that the loss of cultural markers has brought about the politics of ethnic divide with its disruptive impact on the modern African state. This politics, in turn, has led to wrong rationality of politicized ethnicity which can be regarded as the main cause of social crises in black African countries. And this situation has been amplified by the absence of any legal framework whereby the concept of ethnic group could be best defined. As a matter of fact, the notion of ethnic group is not negative in itself as it entails the assertion of similarities and the recognition of cultural differences. As such, African law-makers must create an appropriate legal framework in which ethnic groups will be identified as people, the result of which could be the birth of the multinational state. This is why the main argument of our research is based on “utopian reason”, that is on a new philosophical thinking and belief in the possibility of implementing a political project that could help alleviate the critical situations faced by these countries. But “utopian reason” is linked to another concept : “hoping reason”, i. E. The ability of human beings to overcome any kind of obstacle and to re-write their destiny
Abstract FR:
Ayant perdu ses repères au contact de la civilisation occidentale, l’Afrique apparaît aujourd’hui comme un continent à la dérive, alors même qu’elle cherche à mettre en place des Etats démocratiques. Cette perte de repères tient à la politisation de l’ethnie et met en œuvre une rationalité politique hors norme (l’ethnicité politisée) dont l’impact se révèle négatif pour l’organisation et le fonctionnement des Etats en Afrique noire. Il convient surtout de noter que la politisation de l’ethnie, aspect fondamental de la modernité africaine, s’est développée, dans ces Etats, sur fond de vide juridique et fournit une explication à nombre de crises africaines ayant abouti au tournant génocidaire. En somme, le terme ethnie a pris une connotation négative en raison de son instrumentalisation. Car le respect de la réalité ethnique participe de l’expression même de la démocratie. Il relève d’une éthique sociale qui reconnaît le droit à la différence et le devoir à la ressemblance. Dès lors, les constituants africains devraient œuvrer à la reconnaissance des ethnies en leur conférant le statut de peuples. Cette reconnaissance permettrait, par effet d’entraînement, de fonder un Etat multinational en veillant à la représentation de chaque ethnie. La consolidation d’un tel Etat repose sur la réévaluation du paradigme communicationnel, par l’instauration d’un dialogue fécond et rationnel entre groupes : c’est l’idée de nouvelle rationalité adaptée au pluriethnisme des sociétés africaines. Le principe de la « raison utopique » peut permettre aux Africains de penser et croire en la possibilité de réaliser un tel projet qui est celui de re-construire leurs Etats actuellement en déliquescence. Pour y arriver, l’idée est d’espérer, d’où la « raison espérante », c’est-à-dire cette faculté de prétention, d’extension et de dépassement propre à l’esprit humain, qui lui permet de faire face à toutes sortes d’obstacles pour construire son destin