thesis

La pratique du stoi͏̈cisme : recherche sur la notion d'usage (khrésis) de Zénon à Marc Aurèle

Defense date:

Jan. 1, 2002

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Institution:

Paris 12

Disciplines:

Directors:

Abstract EN:

Stoicism carries on a socratic tradition, which conceives human practices as "uses" (chrésis/chrésthai) of faculties or ressources, so as to show their lack of intrinsic value and determine the right attitude towards them. Our study of "use" does not daim that it is a central concept of stoicism : it fo this discrete notion through the whole stoic system and uses it as a guide to describe the stoic "theory of practice". Four main types of use can be found in testimonies on heilenistic stoicism (parts I to IV): the instinctive use of one's organs (common to men and animais), the control of the use of reason, the continuous and universal use of virtue, the good use of indifferent things, each of these being also a step in the acquisition of wisdom. They are analysed in their respective theoretical contexts (stoic conception of animals and oikeiosis, of reason and passions, of virtue, of indifferent and preferred things) and compared to rival (aristotelian, epicurean, academic) conceptions of use. The notion of use allows to describe the way in which man practical adapts to his nature and to Nature, but it can lead to relativism. Stoicism tries to avoid this threat without imposing external rules to the ambiguity of use: stoic ethical norms are internal to the practice of use and formal enough to maintain. Its freedom and efficiency. In Epictetus and Marcus Aurelius (part V), one can also find various types of use linked together as aspects of moral progress and objects of pedagogical discourse: the good use of external things can be secured only through the right use of representations, which is itself a form of use of the mental and moral faculties that God's providence granted men to allow them to live free of any trouble.

Abstract FR:

Les stoi͏̈ciens prolongent la tradition socratique qui analyse les pratiques humaines en termes d' "usage" (khrésis/khrésthai) de nos capacités ou de nos ressources pour relativiser leur valeur et s'interroger sur la bonne conduite à leur égard. On ne cherche pas à propulser l'usage au rang de concept de la philosophie stoi͏̈cienne, mais à utiliser cette notion discrète comme fil directeur pour parcourir l'ensemble du système stoi͏̈cien et analyser sa "théorie de la pratique". On distingue quatre formes principales d'usage dans les témoignages sur le stoi͏̈cisme hellénistique (parties I à IV): l'usage spontané des membres du corps (commun aux hommes et aux animaux), la maîtrise de l'usage de la raison, l'usage permanent et universel de la vertu, le bon usage des choses indifférentes. Chacune de ces formes d'usage, qui constituent aussi des étapes du progrès vers la sagesse, est replacée dans son contexte théorique (doctrines de l'animalité et de l'oikeiosis, de la raison et des passions, de la vertu, des indifférents et des préférés) et sa conceptualisation stoi͏̈cienne est comparée à des analyses aristotélicienne, académicienne ou épicurienne concurrentes. En tant que forme pratique de l'ajustement de l'homme à sa nature et à la Nature, chaque usage donne lieu à un défi relativiste, auquel le stoi͏̈cisme répond sans chercher à fuir l'ambivalence de l'usage: c'est dans l'immanence de la pratique de l'usage que s'élaborent les normes éthiques stoi͏̈ciennes, normes formelles qui ne bloquent pas le libre jeu de l'usage, mais définissent les conditions de son efficacité. Chez Epictète et Marc Aurèle (Vème partie), le progrès moral consiste aussi en une variété articulée d'usages et ce d'autant plu qu'est visée l'application pratique du stoi͏̈cisme: le bon usage des choses extérieures dépend de l'usage correct des représentations, qui s'inscrit dans le cadre de l'usage des facultés mentales et morales que Dieu a fournies aux hommes pour qu'ils vivent libres et sereins.