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Le "Theophrastus redivivus" ou l'athéisme comme position philosophique à l'Age classique

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Jan. 1, 2008

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Abstract EN:

The Theophrastus Redivivus, an illicit voluminous anonymous treatise written in 1659, shows that atheism could be a philosophical position in itself. Building up a reading method to decipher this libertine text, we were able to show that it was not a simple “collage” of quotations from Antiquity and Italian Renaissance sources, but that it provided a coherent argumentation, a complete materialist system including canonics, physics, and ethics. Even a policy based on the individual natural law is sketched up. The Theophrastus allows us to correct the machiavelian « libertine’s » traditional image. The classical theory of the imposture of religions does not prevent a reassessment of them: religions essential core, a kind of minimal credo, is the expression of a natural law, that of self- love. The people is able to understand priests’ cunning tricks, and the “Sage” doesn’t part completely from him: the treatise itself has an educational value. The anonymous author’s ontology displays dynamic naturalism which inherits from the padovan aristotelism, but breaks off from the pantheistic or animated naturalism of the Renaissance, and anticipates Spinoza’s naturalism. Modernity is seen as digging its roots into the Padovan Aristotelian tradition, independently from modern physics and Descartes. The Theophrastus is a missing link between “erudite libertinage” and “radical Enlightenment”. Finally it shows that the natural law tradition is not specifically Christian: for the atheist, politics replaces metaphysics. While explaining beliefs, atheism is the expression of the perpetual struggle of reason against imagination, two productions of nature

Abstract FR:

Le Theophrastus redivivus, volumineux traité clandestin et anonyme rédigé en 1659, témoigne d’un athéisme comme position philosophique à part entière. En forgeant une méthode de lecture pour déchiffrer ce texte « libertin », nous avons pu montrer qu’il n’était pas un pur collage de citations tirées de l’Antiquité et de la Renaissance italienne, mais qu’il présentait une argumentation cohérente, un système matérialiste complet : canonique, physique, morale. Se dessine aussi l’idée d’une politique fondée sur un droit naturel individuel. Le Theophrastus permet de corriger l’image traditionnelle du « libertin » machiavélique. La théorie classique de l’imposture des religions est infléchie par leur revalorisation : le noyau essentiel des religions, sorte de credo minimal, est l’expression de la loi naturelle, celle de l’amour de soi. Le peuple est apte à comprendre la rouerie des prêtres, et le sage ne se coupe pas complètement de lui : le traité lui-même a une valeur pédagogique. L’ontologie de l’auteur anonyme est un naturalisme dynamique, qui hérite de l’aristotélisme padouan, tout en rompant avec l’animisme et le panthéisme de la Renaissance, et annonce le naturalisme d’un Spinoza. On voit que la modernité peut plonger ses racines dans la l’aristotélisme padouan, indépendamment de Descartes et de la physique moderne. Le Theophrastus est un chaînon entre le libertinage et les Lumières radicales. Il montre enfin que la tradition du droit naturel n’est pas spécifiquement chrétienne : avec l’athéisme, la politique remplace la métaphysique. En expliquant les croyances, l’athéisme exprime la lutte perpétuelle de la raison contre l’imagination, ces deux productions de la nature.