thesis

De la tragédie parlée shakespearienne à la tragédie lyrique : mutations, intertextualité et interprétation

Defense date:

May 23, 2016

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Institution:

Rennes 2

Disciplines:

Abstract EN:

Vocal rendition, the nexus of the complex articulation of text and music, gives the coordinates of operatic dramaturgy. It is, in fact, through singing that this hybrid conjunction between these two media appears as one and the same autonomous unitary action. Thus, opera transcends the hiatus of the juxtaposition of two protean contents, with limited synergies and numerous antagonisms, in a homogeneous semiotic content that can be appreciated in its representation. It effects the passage from a bipolarized matter to an immaterial conciliatory energy that is made to be performed. This transcendent combination makes the source work of art suffer, as a result of vocal technique, the musical language and the contingencies of the operatic performance, in the same way that the music submits to the requirements of tragedy. This research work aims at bringing up questions about the sense and the issues at stake in the operatic tragedy as well in the Shakespearean tragedy, about what stands out from the entirety of text altered by the musical requirements and the music given over to it. It also undertakes to shed light on certain functions of the language and the music forms which, even if they are not fixed or universal, become effective in the singular case of the works that are examined; and also on some latent data of Shakespeare’s tragedies which would open new floodgates to the outpouring of human passions. This poses the question of what the connection between the heterogeneous contents of the operatic tragedy, releases, modifies and stifles in the source drama.

Abstract FR:

L'interprétation vocale, parce qu'elle est le point nodal de l'articulation complexe entre le texte et la musique, fournit les coordonnées de la dramaturgie opératique. C'est en effet par le chant que la rencontre hybride entre ces deux médias se coule en une seule et même action, autonome et indécomposable. L'opéra transcende ainsi le hiatus de la juxtaposition de deux contenus protéiformes, aux synergies limitées et aux nombreux antagonismes, en un contenu sémiotique homogène, que l'on goûte par le truchement de la représentation. Il s'agit véritablement du passage d'une matière bipolarisée à une énergie dont l'immatérialité réconciliatrice s'inscrit dans l'espace de la scène. Cette union transcendante fait "souffrir" l'oeuvre source, par l'impact de la technique vocale, du langage musical et des contingences liées à la scène lyrique, de la même manière que la musique se plie, dans une certaine mesure, aux impératifs de la tragédie. Cette recherche vise à soulever des interrogations sur le sens et les enjeux de la tragédie lyrique et de la tragédie shakespearienne, sur ce que fait émerger l'agglomérat du texte, transformé par les exigences musicales, et de la musique, dédiées à ce texte. Elle entreprend aussi d'éclairer certaines fonctions du langage et des formes musicales qui, même si elles ne sont pas fixes et universelles, deviennent opérantes dans le cas singulier des oeuvres traitées, ainsi que certaines données latentes des tragédies de Shakespeare qui ouvriraient de nouveaux canaux à l'effusion des passions humaines. Cela pose la question de ce que la relation des contenus hétéroclites de la tragédie lyrique libère, modifie et étouffe dans le drame source.