Abstract FR:

La thèse analyse la discussion millénaire entre la philosophie et la tragédie et cherche à montrer comment cette discussion s'est toujours liée étroitement à la question de la scène, en tant que condition de la présentation esthétique (mimèsis, Darstellung) de l'action humaine. Nous indiquons d'une part, comment ne certaine compréhension scénique a toujours été sous-jacente à la consturction philosophique dans son effort pour soutenir l'ordre métaphysique, symbolique et éthique de l'homme et du monde ; d'autre part, la même compréhension a contraint les philosophes à critiquer le théâtre comme art et, dans certains cas, à le condamner entièrement. Nous analysons de fidfférentes conceptions de la scène qui relèvent de cette discussion, d'abord chez Platon et Aristote, ensuite chez Kant et ses successeurs (Schiller, Schelling, Hölderlin). Dans la situation post-kantienne, l'interprétation spéculative de la tragédie se heurte à une idée de la présentation, qui semble correspondre non seulement aux véritables conditions de l'art scénique mais aussi à l'optique de la déconstruction. D'où la tendance centrale de la thèse, qui consiste à analyser la portée déconstructrice du concept de scène : de quelle manière devons-nous repenser le temps, l'expérience et l'action afin que la présentation scénique soit possible et pensable sous ses différentes formes ? La déconstruction que nous effectuons dans le contexte kantin donne pour résultat une théorie transcendantale de la scène qui dégage l'art scénique du paradigme de la présence humaine et montre comment l'expérience, l'objet et le monde peuvent se concevoir scéniquement. L'analyse correspondante dans le contexte hölderlinien montre à son tour comment la même théorie permet de comprendre les conditions de la dramaturgie tragique et la manière d'être de l'oeuvre d'art. Sur cette scène commune au théâtre et à la pensée se manifestent non seulement les aspects tragiques de l'approche métaphysique, mais aussi les aspects métaphysiques de la tragédie.