Aspects de la musique à Saint-Louis de Saint-Cyr : la tragédie chrétienne au temps de Madame de Maintenon
Institution:
ToursDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
This study examines the role of music in the education of young ladies at the Saint-Cyr convent school, and in the musical drama performed there. Five tragedies were composed for them during the period under analysis: Racine's Esther (1689) and Athalie (1691) with music by J. -B. Moreau, Boyer's or Testu's Jephte with music by C. Oudot, (c. 1690), an anonymous Judith and Duche de Vancy's Jonathas (c. 1700) with music by Moreau. Though seldom theorized upon, music played a prominent role from a social point of view, as part of semi-public spectacles designed to ensure the recognition of the school as an institution. As a feature of an edifying tragic repertoire, music was interspersed between declamatory passages according to patterns which were gradually simplified. It was eventually confined to musical sections performed between the acts. This alternation gave rise to a specific tragical and musical poetics. The function of music was to reinforce the effect of words by its lyricism. An aesthetics of simplicity favoured the intelligibility of the text and enhanced its sacred character. The performances incurred the usual criticisms about the morality of drama. Madame de Maintenon gave up the spectacular aspect which was at the heart of the controversy. The aesthetic and moral status of the music was saved by its functional aspect and the genre survived, as shown by the institution's manuscript sources, which bear witness to enduring and varied practices.
Abstract FR:
Ce travail étudie la place de la musique dans l'éducation des demoiselles de Saint-Cyr et dans leur théâtre musical, qui comprend cinq œuvres sur la période considérée : Esther (1689) et Athalie (1691) de Racine (musiques de J. -B. Moreau), Jephte de Boyer ou Testu (musique de C. Oudot, ca 1690), Judith anonyme et Jonathas de Duche de Vancy (ca 1700, musique de Moreau). Peu théorisée, la musique occupe une place de choix au plan social, par sa participation à des spectacles quasi-publics, qui visent à assurer la reconnaissance de l'institution. Elle prend place dans un répertoire tragique édifiant : intermittente, la musique s'enchâsse dans le texte déclamé selon des structures qui se simplifièrent avec le temps pour aboutir à la forme d'intermède en entracte. Cette alternance détermine une poétique tragique et musicale particulière : la musique, fonctionnelle, renforce l'expression du texte par son lyrisme et une esthétique de la simplicité qui privilégie l'intelligibilité et accentue la spiritualité du texte. Cette activité attira les critiques propres au débat sur la moralité du théâtre. Madame de Maintenon renonçai à la dimension spectaculaire seule en cause. Le statut esthétique et moral de la musique fut sauvé par sa fonctionnalité, et le genre perdura, comme le révèlent les sources manuscrites de l'institution, témoins de pratiques durables et variées.