La poétique des images de l'eau dans la mélodie française à la charnière des XIXe et XXe siècles : pour comprendre l'interférence des arts à la croisée des disciplines : essai d'interprétation d'"Ut pictura poesis"
Institution:
Paris 4Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
This study, a possible way of interpreting Horace's Ut picture poesis, is an attempt to understand the mutual interplay of the arts around water-related representations. It draws from the various disciplines such as literature, aesthetics, and linguistics and aims at constructing a coherent aesthetics that will highlight the power of water and aquatic imagery as artistic stimulants. Within melody as a genre, the creations of French composers converged in the quest for a musical poetics tending towards an artistic fusion of text, music and metaphors. The concern for the ephemeral and for time as duration which was at the heart of the transition period at the turn of the 20th century finds its expression through water images. The poem imposes itself as an experience of thought and perception. Melody, far from merely placing music at the service of text, reveals – beyond metaphors and figuration -- the poem itself as music. Three poems and their musical adaptations are analysed and compared in this study : Baudelaire's Le Jet d’eau, Mallarmé's Soupir and Verlaine's Il pleure dans mon coeur. The willingness of artists to embrace the aquatic element awakens in them what Bachelard called, "the imagination of matter". In that sense, the character of Ophelia, whether through original creations or through the universal features Shakespeare endowed her with, becomes centrally symbolic. The figure of Ophelia suffuses Dupont's Poèmes d'automne, with the melancholy-inducing virtues/qualities of water. Could one go as far as to talk of an aesthetics of fluidity ? This study attempts to provide an answer to this question.
Abstract FR:
Interprétation possible de l'Ut pictura poesis d'Horace pour comprendre le phénomène de l'interférence des arts autour de la figuration aquatique, cet essai a été enrichi des apports de différentes disciplines comme la littérature, l'esthétique, la linguistique. Il vise à construire une esthétique cohérente, apte à expliquer la puissance d'incitation artistique des images aquatiques et de l'eau elle-même en tant qu'élément naturel. Au sein du genre mélodique, la création des compositeurs français converge dans la recherche d'une poétique musicale tendant vers une fusion artistique du texte, de la musique et de l'image évoquée. Les préoccupations de durée et de fuite du temps qui sont au coeur de l'époque charnière des XIXe et XXe siècles sont greffées sur les images de l'eau. Le poème s'impose comme expérience de pensée et de perception et, loin de mettre seulement la musique au service du texte, la mélodie, entre métaphore et figuralisme, révèle le poème comme musique. Trois poèmes et leurs mises en musique sont objets d'étude et de comparaison : Le Jet d'eau de Baudelaire, Soupir de Mallarmé et Il pleure dans mon coeur de Verlaine. L'ouverture des artistes à la nature de l’élément aquatique éveille en eux ce que Bachelard appelle "l'imagination de la matière". Ainsi, le personnage d'Ophélie, entre créations originales et universaux dont Shakespeare l'avait doté, devient porteur de symboles. La figure d'Ophélie imprègne des vertus de l'eau "mélancolisante" les Poèmes d'automne de Dupont. Peut-on aller jusqu'à décrire une esthétique de la fluidité ? C'est à cette question que cet essai risque une réponse.