Liberté et conflit civil : une interprétation de la politique machiavélienne
Institution:
Paris 10Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
This work enquires about the relationship between freedom and civil conflict in Machiavelli's Prince, Discourses and Florentine Histories. He defines it in a way to allow us to consider the idea of citizenship without community from an original standpoint. Understanding his conception helps us to think of a political perspective distinct from the communist and the liberal utopias. The way Machiavelli sees civil conflict is complex : many ternis are used to describe it, whereas it is apparently grounded on a single antagonism ; freedom, as well as violence and destruction, may be derived from it ; we understand how it goes on and on, but its genesis remains somehow mysterious. These difficulties do not prevent us from considering the meaning and the scope of his thesis - the idea that freedom is at stake in civil conflict makes his political thought unique in a radical manner. What is this new political perspective ? Civil conflict only gives birth to freedom in a specific frame : is this the mixed constitution, or rather the people's republic ? What does mean the institutional expression of civil conflict ? However, this political perspective has a tragical dimension : manners prevail on laws. An ethos of freedom, linked to religion and poverty, is essential for the « vivere libero ». Freedom cannot be without a lifestyle called civility, that is destroyed by the unavoidable process of corruption. Machiavelli conceives freedom through the comment on the Roman republic. As a consequence, this political perspective is strongly dependent on it. Is Rome the paradigm of freedom for Machiavelli ? Are we able to perceive the implications of such a perspective once we have singled out the reasons for his choice ? In fact, in order to consider the conditions of Machiavelli's presence in contemporary political thought, we have to throw the light on his conception of history and his relation to the theory of the sovereign state.
Abstract FR:
Ce travail explore la relation établie par Machiavel entre la liberté et le conflit civil, à travers une lecture du Prince, des Discours sur la première décade de Tite-Live et de L'Histoire de Florence. A travers elle, Machiavel contribue de manière originale à penser l'idée de citoyenneté sans communauté. Son élucidation nous conduit à définir une politique qui rompt avec l'utopie communiste et l'utopie libérale. La compréhension du conflit civil machiavélien est complexe : de multiples termes sont employés pour le décrire, alors qu'il semble tenir à un unique antagonisme ; il peut déboucher sur des lois favorables à la liberté, mais aussi sur la violence et la destruction ; nous comprenons comment il se perpétue, mais sa genèse demeure mystérieuse. La mise en évidence de ces difficultés ne nous empêche pas de considérer le sens et la portée de sa thèse - l'idée selon laquelle la liberté est l'enjeu du conflit civil singularise en effet sa pensée politique de manière radicale. Quelle est la politique machiavélienne ? Le conflit civil ne débouche sur des « lois favorables à la liberté » que dans un cadre spécifique : la constitution mixte ? la république populaire ? Qu'est-ce que l'expression institutionnelle du conflit civil ? Cependant, cette politique a une dimension tragique : les moeurs, en effet, prévalent sur les lois. L'ethos de la liberté, lié à la religion et à la pauvreté, s'avère essentiel au « vivere libero ». Or, l'inéluctable processus de corruption met fin à la civilité, sans laquelle il n'est pas de liberté. Machiavel conçoit la liberté à partir de l'histoire de Rome. La politique machiavélienne est donc étroitement liée à celle-ci. Rome est-elle pour lui le paradigme de la liberté ? Les raisons de son choix nous permettent-elles d'envisager toutes les implications de cette politique ? Afin d'envisager les conditions d'affirmation de son actualité, il nous faut aussi éclairer sa conception de l'histoire et son rapport à la théorie de l'État souverain.