Hegel et la critique de l'analyse
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Paris 1Disciplines:
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Abstract EN:
Analysis is generally considered to be a minor moment in the hegelian method. It assumes, however, a strange role in the overall hegelian system. This activity, which decomposes any representation, object or concept, initiates the false starts and false movements of reflexion, but it also helps the logical condensation of anthropological achievements, thus revealing the appropriation of the external world by a living subject, able to reach knowledge. It offers finally a specific view on dialectics itself. This study tries to make clear the relationships between several well known couples (analysis and synthesis of course, but also representative and empirical analysis, analytical judgment and analytical method, finite and infinite analysis) emphasizing various dialogues between hegel and other philosophers (especially Locke, Leibniz, Kant and Bergson). Two paradoxes are accorded particular attention. First, analysis is so immanent that it accounts for its objects by a series of identical propositions, and so explains nothing. Secondly, it is so formal that it seems to be valuable for any kind of object, even if it denatures the singularity of each. One can see how hegel, by articulating logic and method, grounds these paradoxes on the real genesis of knowledge, how he justifies them as useful in the fight against unsplittable totalities, and finally how he gets around them both by showing that rather than bringing out abstract characteristics, infinite analysis selects moments when works account for their authors, or points where individual, free and necessary decisions are expressed.
Abstract FR:
Généralement considérée comme un moment mineur de la méthode hégélienne, l'analyse occupe pourtant une place étrange dans l'ensemble du système spéculatif. Cette activité qui décompose des représentations, des objets ou des concepts est à l'origine des faux départs et des faux mouvements de la réflexion ; mais elle permet également de condenser logiquement les acquis de l'anthropologie, dévoilant l'appropriation du monde extérieur par un sujet vivant et connaissant. Enfin, elle offre une vue originale sur la dialectique elle-même. La présente étude tente de mettre au clair la relation entre plusieurs couples célèbres (analyse et synthèse bien sûr, mais aussi analyse représentative et analyse empirique, jugement et méthode analytique, analyse finie et infinie) en laissant une large place au dialogue entre Hegel et d'autres penseurs (principalement Locke, Leibniz, Kant et Bergson). Elle accorde une attention particulière a deux paradoxes : premièrement l'analyse est d'une telle immanence qu'elle rend compte de son objet par une suite de propositions identiques, et n'explique donc rien. Deuxièmement, elle est si formelle qu'elle semble valable pour tout type d'objets, mais dénature la singularité de chacun. En articulant logique et méthode, on voit comment Hegel fonde ces paradoxes sur la genèse réelle de la connaissance, les justifie au nom de la lutte contre les totalités indécomposables et les déjoue : il montre en effet que l'analyse infinie ne dégage pas des caractéristiques abstraites, mais sélectionne les moments ou les œuvres rendent compte de leurs auteurs, les points où s'expriment des décisions individuelles, libres et nécessaires.