Éléments pour la reconstruction de la genèse de l'État de droit constitutionnel démocratique des guerres d'Italie (1494-1559) aux guerres de religion (1559-1589) : Machiavel, Bodin et la réforme française
Institution:
Paris 4Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Machiavelian political thought emerged on the foreground of an obliteration of the religious conception of the world, among the disorders created by the wars of Italy. In France, Bodin thought, on the contrary, as wars of religion between Catholics and Protestants were at their most, was claiming that the “royal monarchy” was the only solution to avoid religious division — his proposition of a royal State is usually considered as a prefiguration of modern State. The rule of law appears actually as a legal structure for State. In fact, the concept of absolute sovereignty is the core of Bodin’s theological and political thought. The bodinian State is not founded on constitutional and democratic premises, but on a domestication of violence. After 1572, in the kingdom of France, immediate disciples of Calvin: Bèze, Duplessis-Mornay and Hotman, reacted to the royal violence. Their convictions were also religious, but founded on another conception of the relation between politics and religion. In some way, we can say that the modern State was born from this tension between absolute sovereignty — which is a conception of law — and a new conception of religion, inclining to autonomy, through the claim for individuals to practise their religion freely, and even under a State as warrant — which is another conception of law, and of the rule of law.
Abstract FR:
Sur fond d’effacement du religieux, la politique machiavélienne s’invente dans le désordre des Guerres d’Italie en l’absence de toute normativité. Quant à la «!monarchie royale!» de Bodin qui paraît à ce dernier la solution de la division religieuse, elle est un État royal pré-moderne, fondé sur la religion. L’État de droit donne sa force à la loi et le concept de souveraineté absolue confère à ce dernier, non sa structure normative, mais sa structure juridique d’application de la loi. Le concept de souveraineté absolue est au centre de la construction théologico-politique de Bodin, et l’historiographie récente y voit la prémisse indispensable de l’État moderne. Mais cet État, pour être efficace jusque dans sa violence, l’est peut-être moins qu’on ne pense en l’absence de la prémisse constitutionnelle et démocratique qui se met en place dans une politique réformée. Le concept de souveraineté générale est moins absolu qu’on ne l’a dit si sa forme est résolument contractuelle. Après 1572, dans le royaume de France, les disciples immédiats de Calvin!: Théodore de Bèze, Philippe Duplessis-Mornay et François Hotman, en appellent à une souveraineté consentie après que l’État royal eut réagi très violemment à son empiètement. Il manque donc la solution de la division religieuse que l’on doit aux effets de la modernisation de la religion chrétienne. L’État constitutionnel démocratique naît de la nécessité de trouver une solution normative au conflit de valeurs né au coeur des guerres de Religion. C’est dans l’élaboration d’un premier droit de l’individu à pratiquer sa religion dans les limites du respect des autres pratiques religieuses que s’inventera l’État moderne où c’est le droit qui fonde la loi.