La comtesse de Boigne : recherches sur les mémoires féminins et aristocratiques de la Révolution à la monarchie de Juillet
Institution:
Paris 4Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
After the Revolution of 1789, French aristocrats wrote many memoirs and diaries. Never before, there were so many autobiographic works. The women especially were attracted by this peripheric genre. The most part of them wrote their 'souvenirs'. These works are influenced by the preromantic sensibility, by the novels written in the eighteenth century, but also by the aristocratic tradition of memoirs, diaries, but also novels, women expressed the nostalgia of the time before the French Revolution, the 'Ancien Régime', this time where aristocracy had power, money and privileges. They expressed too the nostalgia of the 'salons' in which they were respected, adored. They lost that after the revolution. They tried to revive the worldliness that the nobility practised since the seventeenth century. But their attempt is a check. Aristocratic memoirs will not survive and the nobility will not find again its power, its influence. The worldliness will be in future the apanage of the romantic writers, the thinkers, Stendhal, Flaubert, Baudelaire. They will be the depositaries of the authentic worldliness.
Abstract FR:
Les aristocrates qui survivent a la Révolution française composent, avec une profusion jusqu'alors inégalée, nombre de mémoires, souvenirs, journaux personnels. Les femmes surtout sont attirées par ce genre périphérique et renouvellent, avec une belle unanimité, les entreprises de Madame de Caylus ou de Madame de Staal-Delaunay. Ces textes féminins, personnels et aristocratiques ont retenu notre attention. Marqués par la sensibilité pré-romantique, ils sont, par l'origine même de leurs auteurs, au carrefour des mémoires aristocratiques et de l'autobiographie. Cette double orientation leur confère une originalité structurelle et esthétique : chant à la gloire des riches heures de la noblesse française, ils font revivre la mondanité et l'éthique aristocratiques dans une prose qui se veut elle-même, par son décousu stylistique, hommage aux illustres devanciers de la tradition mémorialiste. Mais subissant l'influence de Rousseau, du roman sensible et du pathétique dramatique, ils sont également œuvre personnelle ou le moi se révèle pleinement, en usant souvent des artifices du romancement, sans pour autant négliger le journal externe, récit de voyage, d'évènements historiques, analyses politiques. Ainsi placés au confluent des genres, les mémoires composent un chant polygraphique, unifié par la conscience qu'ont les femmes d'œuvrer pour la sauvegarde de leur caste, et surtout pour la restauration de la place essentielle qu'elles occupaient dans les salons de la mondanité, et qu'elles ont perdue sous la Révolution et l'Empire. La tentative se solde par un échec : les mémoires aristocratiques ne survivront pas à cette ultime parade crépusculaire. La noblesse ne retrouvera pas son pouvoir politique. Quant à la mondanité, elle passera désormais en d'autres mains : le penseur, l'écrivain, Stendhal, Flaubert, et même Baudelaire, en l'intégrant dans une esthétique sublime, se feront les chantres d'une éthique dont la caste aristocratique sera définitivement dépossédée.