Abstract FR:

Ce travail, portant sur la philosophie de Jean-François Lyotard, se propose d'étudier la question des rapports de la politique et de l'éthique sous l'angle de la question de la justice. L'hypothèse qui le guide est celle d'une tension essentielle entre ces deux domaines : ni suppression de l'un par l'autre, ni séparation des deux domaines. Par là il s'agit à la fois de refuser la thèse courante d'un tournant radical de la pensée de Lyotard hors de la politique, qui perd le sens de l'inquiétude politique telle que Lyotard a pu la thématiser, tout en prenant acte des tensions qui l'animent, et qui impliquent qu'effectivement, la politique de Lyotard devient de plus en plus méconnaissable comme politique. Trois notion principales sont envisagées, qui correspondent à l'évolution de la pensée de Lyotard sur la question, et qui sont les noms d'une expérience matricielle, l'expérience de l'injustice, qui a toujours guidé sa pensée : l'aliénation, le différend et l'intraitable. Les textes sont donc abordés de façon chronologique : 1°sont d'abord étudiés les textes concernant le marxisme : les textes proprement politiques, 2°ensuite les textes où l'éthique fait explicitement son apparition à travers la référence insistance à la pensée d'Emmanuel Levinas et d'Emmanuel Kant, deux auteurs dont la présence ne se démentira plus, 3°enfin, les derniers textes où l'ambiguïté entre l'éthique et le politique se radicalise : moment où l'éthique prend de plus en plus de place dans sa réflexion, jusqu'à infléchir de façon décisive ce que Lyotard appelle l'"écriture"