Beckett bouche bée ou la parole tue : essai d'analyse phénoménologique et sémiologique de l'expérience du délaissement et de l'oralité dans le théâtre de Samuel Beckett
Institution:
DijonDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
Samuel Beckett's theatre is essentially based on two experiences: the experience of dereliction on the one hand and the experience of oral wording on the other. A more and more solitary voice which can be heard somewhere: that phrase could sum up most of the author's plays. Starting from a study of dereliction as it is experienced by Beckett's creature, my purpose was to study the relationship between a metaphysical experience and the stage devices that permit to express it on the one hand to show how and why the two fundamental experiences of his works tend to get mixed so as to form one unique entity when oral working is perceived as the starting and ultimate points of dereliction on the other. In order to step through becket's theatrical universe, two main means of investigation have been selected: first a phenomenological analysis and second a semiological analysis. The former as it is an attempt to explain life's meaning by stressing the experience of body, language and mutual relationship. The later, as the theatre is a symbol of beckoning and this to analyze theatrical semiosis means to take an endless combinaison of signs, linguistic ones as well as visual and sonorous ones which are contested with the art of playing into account. A semiological analysis at last, as it aims at studying the connection between creating and receiving: this connection provides a privileged setting to consider the fundamental question: who speaks in Beckett's works?
Abstract FR:
Le théâtre de Samuel Beckett se réalise essentiellement à travers deux expériences: celle du délaissement existentiel et celle de l'oralité; une voix de plus en plus solitaire se fait entendre quelque part, est une formule qui pourrait résumer la plupart des pièces de l'auteur. Partant d'une analyse de la déréliction, telle qu'elle est vécue par l'existant beckettien, mon propos a été: d'une part, d'étudier les relations qui s'instaurent entre une expérience métaphysique et les modalités de la parole, les systèmes scéniques, chargés de l'exprimer; d'autre part de montrer comment et pourquoi les deux expériences fondatrices de l'œuvre se rejoignent et finissent par ne faire plus qu'une, lorsque l'oralité est perçue comme le point de départ et l'aboutissement du délaissement. Pour arpenter l'univers théâtral de Beckett, deux moyens d'investigation ont été principalement retenus: la phénoménologie et la sémiologie. La première, parce qu'elle tente une explication du sens vécu du monde en faisant place au corps, au langage et à la relation à autrui. La seconde, parce que le théâtre est un lieu où tout fait signe, que rendre compte de la semiosis théâtrale, c'est appréhender un ensemble non limitatif de signes linguistiques, visuels et accoustiques convoqués par la représentation; la sémiologie, enfin, parce qu'elle s'attache à l'étude du circuit de la production a la réception, lequel offre un cadre privilégié pour aborder la question fondamentale suivante: qui parle dans l'œuvre?